LAGATU Yves

Lagatu Yves

Yves Lagatu est né le 8 novembre 1914, à Rumengol (Finistère), dans une famille de commerçants.

Sous-officier de marine, il refuse la défaite et, après avoir entendu l'appel du 18 juin 1940, il rejoint l'Angleterre à bord du cuirassé " Courbet " sur lequel il est Radio.

Engagé dans les Forces Françaises Libres, il quitte la marine et demande à servir dans l'aviation comme Radio-Mitrailleur.

Il est affecté au GRB1, et participe alors aux opérations de Koufra et d'Abyssinie contre les Italiens.

Le 5 février 1941, à l'aube, nouvelle mission de bombardement pour quatre Blenheim du GRB1, avec Pierre de Saint-Péreuse en leader. Mais, en début d'après-midi, seul l'appareil de Georges Grasset se profile dans l'axe des pistes sablonneuses d'Ounianga. Son navigateur, Raymond Pétain, a parfaitement suivi les instructions de ses prédécesseurs pour dénicher l'oasis de Koufra dans l'océan tchadien. Mais pour les trois autres Blenheim, c'est l'échec. La mission, en effet, a viré au cauchemar. L'appareil de Jean Hirlemann est le premier retrouvé par le commandant Astier de Vilatte, parti lui-même à la rescousse. Manquent encore ceux de Saint-Péreuse et du sergent pilote Le Calvez. Dès le début de la mission, une panne de moteur a obligé le premier à exécuter un demi-tour. A son bord, Bernard Barberon pour la navigation (avec 70 heures de vol à peine à son actif!), Yves Lagatu aux mitrailleuses. L'équipage de Saint-Péreuse a bon espoir d'être sauvé car il s'est très exactement posé sur l'axe Ounianga-Koufra, au nord de Tekro. L'attente durera cinq jours, ponctués des délires fièvreux de Lagatu, mais ils seront tirés d'affaire. En revanche, le dernier Blenheim (n° T1867) de cette terrible mission du 5 février ne sera jamais retrouvé. Le sergent Georges Le Calvez, le lieutenant Gérard Claron et le sergent-chef Fernand Devin sont morts, certainement assoiffés, perdus à plus de deux cents kilomètres à l'est de Tekro, happés par une tempête redoutable.*

A partir d'août 1941, avec le groupe de bombardement " Lorraine ", Yves Lagatu prend une part active à la campagne de Libye, au cours de laquelle il totalise plus de 50 opérations offensives pour 200 heures de vol d'opération, recevant une deuxième citation à l'occasion de cette campagne.

En septembre 1942, le " Lorraine " stationne en Angleterre. A partir du début de l'année 1943, il participe aux opérations sur le front occidental. Yves Lagatu apporte brillamment sa contribution à la victoire finale.

Le 22 octobre 1943, il réussit une mission particulièrement périlleuse en vol rasant comme directeur de tir d'une formation de six appareils.

L'adjudant-chef Yves Lagatu est fait Compagnon de la Libération le 29 décembre 1944. Il effectue au total 40 missions offensives sur le front de l'ouest, dont 10 comme Mitrailleur leader.

Il termine le conflit avec le grade de lieutenant et totalise 92 missions et près de 250 heures de vol de guerre.

Il poursuit alors sa carrière militaire et combat en Indochine comme officier Navigateur.

Il quitte l'armée de l'Air avec le grade de commandant et devient ensuite Représentant en bijouterie.

Compagnon de la Libération, également titulaire de la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre 39-45 avec trois citations, la Croix de Guerre des TOE, la Médaille Coloniale, la Médaille de l'Aéronautique, la Médaille Commémorative 39/45, la Médaille Commémorative Indochine, l'Air Medal (USA) et Commandeur de l'Ordre National du Mérite, Yves Lagatu est décédé le 27 septembre 1987 à Brest, où il a été inhumé.

*L'épave de leur avion n'émergera des sables que le 29 mars 1959. Elle fut découverte par une patrouille du 8^ème Groupe nomade. Aux côtés du Blenheim se trouvaient les trois corps de son équipage. L'avion s'est en fait dressé en pylône au moment de l'atterrissage forcé. Le Calvez, Claron et Devin ont survécu près d'un mois avec les seules réserves d'eau et de nourriture emportées dans la carlingue.