Albert Le Bras est né le 23 mai 1918 à La Turbie (Alpes-Maritimes). Son père, originaire de Bretagne, est instituteur et capitaine de réserve des Chasseurs alpins. Pour sa participation à la dure bataille du "Chemin des Dames" en mai 1918, il obtient la Croix de guerre. Le jeune Albert est élève au lycée de Nice. Il joue au football à l'International football club de Nice et dispute la finale du championnat de France scolaire à Paris. Ayant réussi le concours d'entrée à l'école de pilotage d'Istres, il s'engage dans l'armée de l'Air le 16 octobre 1936. Parallèlement à sa formation de pilote, il joue avec l'équipe réserve de l'A.S. Cannes qui vient de gagner la coupe de France de football. Il obtient son brevet de pilote militaire en juillet 1937. Il se perfectionne ensuite sur Potez 25, Bloch 200, Amiot 143 et Bloch 210, effectuant 223 heures de vol, dont du PSV et du vol de nuit. Un de ses moniteurs est Maurice Amarger. Le 16 octobre 1938, il est affecté au 14ème groupe aérien de bombardement équipé de vieux Amiot 143, lesquels sont remplacés en janvier 1939 par des Bloch 131. En août 1939, son unité est envoyée dans les Vosges et prend l'appellation de groupe aérien de reconnaissance I/14. Albert Le Bras est un des plus jeunes pilotes du groupe. Il effectue sa première mission de guerre le 20 décembre 1939 et reçoit le baptême du feu le 19 janvier 1940 entre Saint-Ingberg et Pirmasens, en se dérobant avec succès aux tirs de la Flak. Les Bloch 131 sont par la suite interdits de mission, convoyés à l'arrière et remplacés par des Potez 63. Après l'armistice de juin 1940, le I/14 se replie à Toulouse, puis à Saint-Laurent-de-la-Salanque et enfin à Perpignan-Llabanère. Albert Le Bras continue à voler, ce qui lui permet de bénéficier d'un entraînement au pilotage très précieux. De plus, il devient moniteur sur "link-trainer" (simulateur de vol). Par ailleurs, il obtient son monitorat militaire d'éducation physique et joue au football avec l'équipe locale. L'invasion du sud de la France en novembre 1942 provoque la dislocation de son unité. Désireux de poursuivre le combat, Albert Le Bras décide de prendre contact avec le chef de la Résistance locale, le commandant Ricard. Celui-ci lui explique que la France libre manque de pilotes et lui conseille de rejoindre l'Afrique du Nord. Le soir du 18 janvier 1943, Albert Le Bras quitte la France, franchit la frontière espagnole et après cinq nuits de marche dans des conditions difficiles, arrive enfin à Barcelone. Le consulat des Etats-Unis le met en contact avec le bureau de la France libre qui lui fait gagner par voie ferrée Setubal au Portugal. De là, il embarque sur un bateau français escorté par un sous-marin, à destination de Gibraltar, puis de Casablanca. Ayant choisi la chasse, il effectue des vols d'entraînement sur Curtiss H 75, sous le contrôle du capitaine Emmanuel Brihaye. Il totalise alors 600 heures de vol. L'adjudant Le Bras demande à être affecté au groupe de chasse III/6 " Roussillon " équipé du chasseur américain Bell P-39 Airacobra, car c'est dans cette unité que se trouve le lieutenant Pierre Le Gloan. Celui-ci a déjà abattu 18 avions ennemis et vient du village de Plougernevel dans les Côtes-du-Nord (Côtes-d'Armor depuis 1990), non loin de Carhaix (Finistère), commune dont est originaire le père d'Albert Le Bras. Le lieutenant Le Gloan a surtout réalisé l'exploit d'être le premier aviateur de la Seconde Guerre mondiale à abattre cinq appareils ennemis en une seule sortie, le 15 juin 1940. Du 1er août au 12 octobre 1943, Albert Le Bras participe aux opérations aériennes du Northwest African Coastal Command. Au G.C.III/6, qui est basé à Lapasset en Algérie, il devient l'équipier d'un camarade de promotion de l'école d'Istres, Gabriel Mertzisen. C'est à ses côtés que, le 4 octobre 1943, il obtient sa première victoire aérienne en abattant un Dornier 17 au-dessus de Cap Tenès. Il apporte aussi au G.C.III/6 sa première victoire. Albert Le Bras totalise alors 694 heures de vol, dont 44h10 de vol de nuit et 28 missions de protection de convois. Profitant d'une permission, il se rend à Alger où il arrive très tôt le 16 octobre, sur un camion de légumes. En entrant dans le centre-ville, il retrouve Yves Carbon dont il avait fait la connaissance à Aulnat, où il volait sur Bloch 152 au G.C.II/9. Ce dernier lui demande tout de suite de l'accompagner en Russie, où le " Normandie " manque de pilotes. Sa demande étant acceptée par l'état-major, Albert Le Bras est inscrit pour le premier départ du 2 novembre 1943. Il gagne Le Caire à bord d'un DC-4 américain, arrive à Moscou le 27 janvier 1944 et rejoint en train le G.C.III à Toula le 5 février 1944. L'aspirant Le Bras participe activement à l'offensive de Prusse-Orientale. Le 16 octobre 1944, il obtient sa seconde victoire en abattant un Fw 190, au-dessus de Pillkanen. Il récidive quatre jours plus tard en détruisant un Ju 87. A l'occasion de la visite du général de Gaulle à Moscou, le 9 décembre 1944, les pilotes qui ont effectué plusieurs campagnes bénéficient d'une permission. C'est ainsi que le 19 décembre 1944, Albert Le Bras part en permission pour la France et arrive à Paris le 22 janvier 1945. Cette permission se prolonge car le colonel Pouyade est blessé dans un accident de la route. Comme ce dernier désire rentrer à Toula avec ses pilotes, ceux-ci attendent son rétablissement. Albert Le Bras ne retrouve donc son unité que le 12 mai 1945 à Elbing. Il termine la guerre avec 4 victoires aériennes, dont 3 homologuées, en 82 missions de guerre. Le 20 juin 1945, il se pose avec son Yak 3 au Bourget, en compagnie de ses camarades de " Normandie-Niémen ". Le sous-lieutenant Le Bras va rester au " Normandie-Niémen " jusqu'en 1947. N'ayant pu intégrer Air France et ne pouvant pas non plus devenir pilote d'essais, Albert Le Bras se porte volontaire pour l'Indochine. Il arrive à Saïgon le 7 mars 1947 et reste en Extrême-Orient jusqu'au mois de mai 1951. Il vole sur Supermarine Spitfire et Grumman Bearcat. Il combat autant dans l'air qu'au sol avec les unités d'intervention de l'armée de Terre et de la Marine, effectuant même dix sauts au combat avec les parachutistes. Durant ces quatre années en Indochine, Albert Le Bras effectue 454 missions de guerre. Après son retour en France, il est transformé sur "Jet" à Mont-de-Marsan, puis est tour à tour affecté : - à la 3ème Escadre de chasse à Reims de 1951 à 1953, - à l'entraînement des pilotes français au Canada de 1953 à 1956, - aux opérations de défense à la 5ème force aérienne tactique alliée en Italie du Nord de 1956 à 1961. Lieutenant-colonel de réserve à titre honoraire de l'armée de l'Air, titulaire de 13 citations, Albert Le Bras est rendu à la vie civile en 1963. Il entre alors au C.E.R.S (Centre européen de recherches spatiales), où il est chargé de diriger la première campagne de lancements de fusées, dont les tirs sont effectués avec succès les 4 et 6 juillet 1964 en Sardaigne. Il devient ensuite directeur du premier champ de tir européen de fusées sondes de Kiruna (Suède), inauguré en septembre 1966. Il est également chargé des liaisons avec les champs de tir nationaux de fusées sondes jusqu'en juillet 1968, date à laquelle il part à la retraite. Albert Le Bras se retire ensuite à Antibes, où il devient directeur du club de tennis et moniteur de voile à titre bénévole, à l'école de courses-croisières de la Méditerranée du Fort carré, pendant sept ans. Il s'occupe également de la capture d'animaux destinés au zoo marin de Roland de La Poype, le " Marineland " d'Antibes. Commandeur de la Légion d'honneur (à titre de guerre), Albert Le Bras est également titulaire de la Médaille militaire, la Croix de guerre 39-45, la Croix de guerre TOE, la Médaille des évadés, l'Ordre de la Guerre pour le salut de la Patrie, la Médaille de la Victoire et l'Air-Medal (USA). Albert Le Bras est décédé le 30 juillet 2010.
Médaille militaire Croix de guerre 39-45 Croix de guerre TOE Médaille des évadés L'Ordre de la Guerre pour le salut de la Patrie Médaille de la Victoire Air-Medal
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