Trévron "La Ville Garnier" Codé T5-? 50th FG / 10th FS Lt. John W. Ginder |
Le Fligtht Officer John W Ginder, il est né le 21 novembre 1919, il est originaire de la ville de Hershey en Pennsyvanie. Il est titulaire de l'Air Medal, 8 missions, 16 sorties. Il décolle le 10 juin 1944 à 9 heures du terrain de Lymington situé dans le comté du Hampshire. Il a pour mission avec son P-47D-22-RE de bombarder un pont de chemin de fer situé à Moncontour au sud de Saint Brieuc. Sa mission est menée à bien, mais sur le chemin du retour il est victime d'un tir de flak qui l'ammène à réaliser un atterrisage d'urgence sur la commune de Trévron. Traduction du rapport du lieutenant Ginder tombé à Trévron par Annette MAHÉ. "Ma mission était terminée, mais sur le trajet du retour, une fuite d'essence m'a obligé à me poser non loin de Trédias ou dans cette région.
Photos et documents, collection Gérard COUSPERT
Après avoir enlevé le système d'identification d'avion "ami/ennemi", j'ai quitté l'avion qui laissait échapper de la fumée et j'ai traversé des champs. J'ai rencontré une dizaine de paysans français et je leur ai prouvé que j'étais américain. Ils m'ont accueilli chaleureusement, m'ont prévenu que les allemands étaient tous proches, ont détruit mon parachute et ma veste de survie. Ils m'ont indiqué la direction d'un chemin loin des allemands et m'ont dit "partir". Aussi, je les ai quittés et j'ai marché sur ce chemin sur environ 3 kilomètres, jusqu'à ce que j'entende des gens parler à un croisement, et d'après ce que j'ai pu comprendre, il s'agissait d'une patrouille allemande. Je n'ai pas continué plus loin, mais je me suis déplacé sur le ventre à travers deux champs et je me suis caché dans un champ de blé jusqu'à environ 14 heures. Donc en attendant de pouvoir contacter les troupes américaines, j'ai commencé à progresser vers le nord est et je me suis astreint à marcher toute la journée, en ne parlant à personne, jusqu'à ce que j'atteigne la route principale à côté du lieu appelé "Le Hinglé" au sud ouest de Dinan. Là, je me suis caché dans un fossé et j'ai vu une voiture allemande de commandement partir vers le nord, huit hommes d'infanterie sur des bicyclettes équipés de nouvelles armes, et également de nombreux réfugiés se diriger vers le sud. Je me suis alors dirigé vers l'ouest, à travers des lieux de bivouacs allemands. J'ai vu un dépôt de munitions recouvert de gazon, avec un écriteau "Eintrit Verboten". J'ai marché ensuite environ 6 kilomètres jusqu'à la cour d'une ferme. Là, j'ai pu rencontré une fermière et je lui ai dit que j'étais un aviateur américain. Elle était méfiante et voulait me présenter à certains de ses amis ; après une discussion de vingt minutes environ, ils ont eu la certitude que je n'étais pas un agent allemand, et m'ont souhaité gentiment la bienvenue. Ils m'ont donné à manger et à boire, ont séché mes vêtements, et après une nouvelle discussion ils ont décidé de me faire dormir au premier étage de la ferme. Je suis resté couché le lendemain matin, et vers midi un pompier de Dinan est arrivé pour me donner des recommandations. II m'a conseillé de rester dans cette pièce pour 3 ou 4 jours, après cela il m'a dit qu'il m'emmènerait rencontrer un autre aviateur américain dans une maison proche. Puis, après diner, un autre pompier de Dinan est venu me voir avec un autre français. Ils m'ont apporté des vêtements civils et ils m'ont dit qu'ils me conduiraient la nuit prochaine vers l'autre aviateur américain. A 20 heures environ, nous sommes partis tous les trois vers ce nouvel endroit, nous avons pédalé environ 18 kilomètres sans problèmes. C'est ainsi que j'ai rencontré le Lieutenant Franklyn E. HENDRICKSON (voir le rapport de E. HENDRICKSON N°925). "
La Vicomté sur Rance, le 26 janvier 1977. Georges Tillou. Croix de Guerre avec étoile de bronze Croix des Combattants Croix des engagés volontaires F.F.I
J'étais à la caserne des pompiers lorsque je vois arriver Gillet, bouilleur de cru de son état. Il m'apprend qu'un avion américain est tombé a Plesder que le pilote est indemne et qu'il serait urgent de le mettre en lieu sûr. J'ai rendu visite à mon ami André Lemoine. Nous avons vu monsieur Gabillard, marchand de pommes de terre, lequel possédaient une voiture avec permis de circuler. Mon ami André, d'accord, a tenu à m'accompagner dans cette expédition. Mais auparavant, de retour à la caserne, avec Gillet, nos montres à l'heure, nous nous sommes mis à l'unisson pour cette nouvelle entreprise. A 19 heures, dans un bois, à un endroit précis, connu de nous deux. Consigne donnée à l'aviateur par un agent de liaison (monsieur Barreau, instituteur connaissant l'anglais). ''Ne sortir de sa cachette qu'à la vue d'un pompier". Je vois encore le gars ; il avait un pantalon bleu qui lui arrivait au mollet il mesurait 1,85 m. Nous l'embarquons dans la voiture, le camouflons et le recouvrons de cageots à fruits et rentrons à Dinan où André lui procurera le coucher. Le lendemain, nous quittons Dinan pour Languédias où la famille Lemoine possède un pavillon et connaît un ami qui, prendrait en charge notre aviateur. Tout est donc pour le mieux. Hélas, l'ami monsieur Lancien habitant à La "Bardelais" déclare trois jours plus tard qu' il ne lui est plus possible de s'en occuper et que, dans le cas où il aurait des ennuis avec les Allemands, il saurait dire que c'est nous, André et moi, qui avons placé l'américain chez lui. Je proposai donc à André de me prêter son pavillon. Je garde le prisonnier fais la popote. Tout en conservant l'habit, j'ai quitté la caserne des pompiers. Quelle vie monotone, avec un charmant compagnon sons doute, qui ne parlait un mot de français. Heureusement que la famille Lemoine venant en week-end rompait d'une part cette monotonie et d'autre part nous apportait le ravitaillement ; je n'en avais plus le moyen, mon magasin étant fermé. Nous faisons un jour connaissance avec le curé de Languédias, L'abbé Corbel, parlant couramment l'anglais il nous fut utile le brave curé, il était plus souvent au pavillon qu'au presbytère. Je n'étais pas rassuré d'un côté, il y avait des fermes voisines et puis le tertre de "Kerlaron", une hauteur à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau, d'où les allemands installés en permanence, pouvaient nous suivre à la jumelle. Pour cette raison, je n'habillais toujours d'une veste blanche, faisant ainsi penser que j'étais un employé de la maison. Le mois de mai se passe. Avec la chaleur, les Allemands ont pris l'habitude de venir se baigner dans l'étang, au pied du chalet. J'ai dû à plusieurs reprises, les menacer de téléphoner à la Kommandantur.
Le matin du 6 juin 1944, mon camarade Albert Nestor m'apporte au chalet un message ainsi rédigé : ''viens demain 19 heures avec tes hommes et tes armes à la ferme de Lanoë en Calorguen. La route qui conduit à la ferme est au pied de la borne : Dinan 7 kms. De quoi s'agit-il ? Je décide après mures réflexions de m'y rendre seul, sans armes en civil mais avec une certaine méfiance. Pour compléter ma disposition d'esprit contrairement à mon habitude d'être l'exactitude, je serai, volontairement, légèrement en retard ; j'aurais tout de même observé un avion anglais qui survolait la voie ferrée Paris-Brest. Je descendais la petite route qui mène à la ferme, mon message plié dans le creux de la main. J'aperçois au milieu du chemin à 20 ou 30 mètres, un allemand à genoux au pied de sa mitrailleuse, surveillant un bâtiment de la ferme en feu. Sans attirer l'attention de la sentinelle, je me cache derrière un appentis craignant le pire, je mange le message. A ce moment, Madame Prévaut, la fermière, me dit : ''Ils vont vous tuer ; venez par ici". Me voici en dehors de la vue de l'allemand et, sons chercher à comprendre, je traverse pour me cacher trainant avec moi, tant bien que mal mon vélo (à travers un champ de blé). J'entends sur la route courir les soldats se dirigeant vers la ferme en feu. Après avoir vérifié que la route était libre et mis un peu d'ordre dans ma toilette, j'ai enfourché mon vélo. A la croix du Chêne, la route est barrée. Je me fais qualifier de terroriste, de communiste. Je ne mène pas large lorsque le Père Boschel, ancien prisonnier de guerre 14-18, connaissant l'Allemand explique au soldat que je suis un homme de loi ; je sors ma plaque de garde-pêche et lui précise avoir fait ma ronde sur la rivière. Mon vélo confisqué, j'ai le droit à la botte au derrière. Me voilà libre. Je n'avais pas fait trente mètres, que derrière moi, un couple en tandem - Le fils Houée coiffeur, et sa femme se fait arrêter à son tour. L'allemand est très occupé, j'en profite pour quitter la route. J'avais aperçu le dépôt de vélos et espérais récupérer le mien. J'ai réussit en rompant à ne pas attirer l'attention de la sentinelle. Sur la route, je fonce et atteint rapidement Léhon puis mon domicile rue de la Chaux. Après m'être reposé un moment, j'ai repris la route du chalet où je suis arrivé vers 20 heures 30. J'ai appris par la suite que le coup de la ferme de Lanoë avait été formenté par des pompiers. L'un d'eux Pedron fût arrêté et probablement fusillé car nous ne l'avons jamais revu. J'ai souvent pensé aux répercussions si, ce jour-là, je m'étais habillé en pompier. Le mystère de la ferme en feu n'a jamais été éclairci.
John Ginder, Tillou, Frank Hendrickson
Le samedi 10 juin, je vais au bourg faire mes achats à l'épicerie tenue par des parents André Lemoinz. Il était 14 heures environ quand j'aperçois un avion en difficulté ; j'étais persuadé qu'il n'irait pas loin au sombre panache de fumée noire qu'il lâchait. Je me dirige en vélo vers les lieux où je pense trouver l'avion, c'est-à-dire Bobital. Je cause avec quelques fermiers qui me déclarent n'avoir connaissance d'aucun fait nouveau. Ce n 'est que le lendemain que le beau-frère du capitaine des pompiers vint me mettre au courant ; l'avion était tombé à Trévron, le pilote était sain et sauf, une blessure sons gravité au front. Après sa chute, il avait suivi le "Guinefort", remontant vers Bobital et Madame Nogues de La Croix Donjean l'avait recueilli pour la nuit, mais ne pouvait le garder. Je prends mes dispositions pour aller chercher l'américain. Rendez-vous a 19 heures au pied du grand sapin, à, un lieu dit.
J'avais pris la précaution d'enfermer à clef Franck dans le chalet avec ma chienne faisant ainsi, croire qu' il n'y avait personne. En pompier, avec deux vélos dont un autour du cou, je me rends à l'endroit indiqué. Pas si facile ce transport. Voici mon homme. Il sait faire du vélo, tantôt par la route, tantôt à travers champs et landes. Les chemins sont très fréquentés par les allemands du poste de Kelaron. Nous sommes arrivés au chalet vers 20 heures : sans encombre. Jugez la joie des deux hommes. Le lendemain, je prévins le curé de Languédias avant midi l'abbé Corbel était avec nous. J'appris ainsi que l'avion touché par la D.C.A. alors qu'il regagnait les côtes anglaises avait dû faire demi-tour. Quelques jours après, je me rends sur les lieux (La Ville Garnier en Trévron). Je me demande comment John s'en était tiré, les pommiers étaient coupés sur une grande longueur et l'avion s'était immobilisé au pied d'un grand talus planté de chênes après avoir déplacé un gros arbre d'au moins un mètre ; les pales de l'hélice étaient tordues. Un allemand gardait l'avion, lui ai demandé si je pouvais prélever un souvenir. "EGAL" me fut-il répondu. J'ai pris une scie métaux chez monsieur Armange le propriétaire du champ, et coupais une pale. J'ai trouvé étrange le comportement de la sentinelle. Me prenait-elle pour un militaire ? Cette hélice est dans mon jardin en bordure de la route avec les noms des trois aviateurs. Le 11 juin. A partir de cette date, les pépins commencent. Une fois par semaine je me rends à Dinan prendre des nouvelles de mon fils. En tenue de pompiers, je passe plus facilement par le terrain d'aviation en présentant mon laissez-passer allemand. Je pus ainsi transporter des munitions cachées sous des légumes. Nous étions bien armés au chalet : deux fusils automatiques Mauser, une mitraillette plusieurs révolvers, quatre grenades, le tout accessible par une trappe sous le plancher. Si les allemands avaient eu connaissance de ce dépôt, ils auraient opéré comme à la ferme de Calorguen. Le feu aux quatre coins, une mitrailleuse à vingt mètres. Il ne nous restait à ce moment-là qu'à tirer avant d'être tués. Le vendredi, 16 juin 1944, mon camarade André Lemoine vint au chalet en voiture. J'avais entendu au poste qu'il était imprudent de s'aventurer sur les routes. A mon conseil, il répond. ''Mourir d'une façon ou d'une autre, on mourra ensemble. Hélas, le lendemain, alors qu'il se trouvait sur une petite route de Calorguen, il est mitraillé et tué par un avion anglais. Je ne devais plus le revoir, et suis resté seul avec mes deux aviateurs. A partir de ce moment, je me rendais plus souvent à Dinan pour le ravitaillement après avoir confié mes gars au curé et fermé les portes. J'allais à la régie de Broons chercher le tabac que je n'ai jamais payé. Quant à l'alcool, je faisais bouillir à Trédias du cidre acheté à la campagne. Mes aviateurs et le curé en consommaient un litre par jour et consumaient force cigarettes. Ces exigences faillirent un jour me procurer des ennuis. Revenant de Dinan, je décide de passer par le terrain d'aviation. J'avais emballé dans du carton un fusil et des cannes à pêche. Accompagné d'un jeune homme Alain qui habitait dans le camp ; je pouvais passer ainsi plus facilement malgré ma tenue de pompier, nous sommes arrêtés. Je présente mes papiers et après vérification la sentinelle me dit "EIN MOMENT". Alain a le droit de continuer. Je me demandai pourquoi elle me retenait. Je m'aperçus qu'elle regardait mon vélo avec insistance. Pas étonnant, le carton d'emballage avait glissé et on voyait la plaque, de couche du fusil, d'autant mieux que je l'avais nettoyé à la toile émeri. La sentinelle eut ensuite l'idée, de relever le couvercle de mon panier. Dix paquets de tabac, venant des pompiers, et des légumes. Au fond des cartouches... TABAC ? "Oui, pour les pompiers de Jugon". Je lui mets un paquet dans la main et referme le panier. De grosses gouttes d'eau tombent et voyant venir un autre allemand, je lève un doigt au ciel et dit "NIX GUT", et au culot enfourche mon vélo. Je m'attendais à recevoir une balle, je l'ai entendu rire. Je me suis arrêté plus loin dans une porcherie, craignant d'être suivi. Je ressors et regagne le chalet à travers champs pour éviter le contrôle du carrefour de Plélan-le-Petit. J'étais trempé de sueur : veste de cuir, pantalon de drap, bottes. J'arrive à la nuit tombante. Le chalet semble inhabité. Je frappe à la porte en disant : "C'est moi George : Général car ils m'appelaient ainsi. Je réussis à ouvrir la porte : Les deux américains et le curé ivres-morts, ils étaient allongés sur le plancher et avaient vomi. Quelle odeur, quel spectacle ! Ils m'ont expliqué, le lendemain, me croyant plus me revoir, ils s'étaient mis à boire. Nous ne sortons plus, même la nuit ; la radio annonce, à la suite du débarquement, de gros mouvements de troupes allemandes. Tous les jours, des avions anglais passent au-dessus du chalet. Je m'étonne qu'ils ne mitraillent pas le poste de Kelaron. Ce n'est peut-être pas dans leur programme, ou encore ce dernier st bien camouflé. Nous vivons à présent comme des ermites, sur nos réserves de cochon salé, le pain nous est fourni par le curé, le beurre par la ferme à côté.
J'ai dû leur avouer que j'avais avec moi deux réfractaires au S.T.O. avec leur parole d'honneur d'être muets l'eau à une source voisine. Un jour, m'étant absenté quelques heures, je trouve un carreau de la cuisine enlevé, la fenêtre était refermée et le beurre disparu ainsi, que la viande. Les américains dormaient dans leur chambre. J'ai, pensé d'abord à un maquisard ; au pied de la fenêtre sur le sable, je distingue nettement le fer à cheval des bottes allemandes. Heureusement que seule la fenêtre de la cuisine a été ouverte...
John Ginder, Mme Tillou, Frank Hendrickson et Bob Keeler
Le beau-frère du capitaine des pompiers vint me prévenir qu'il avait recueilli le Commandant Bob Keeler, fait prisonnier Le 6 juin par les allemands, puis évadé. Rendez-vous à 16 heures précises devant mon magasin, rue de La Chaux. Son signalement : un chandail, et un pantalon bleu. Ce soir-là, j'ai préféré rester coucher à Dinan. Nous avons bien mangé. Je lui fais comprendre que je ne disposais que d'un lit pour nous deux ; il m'indique avec gestes à l'appui qu'il avait des parasites. André Aubert pharmacien, a fait en sorte que je n'ai jamais eu de poux. Le lendemain, j'emprunte le vélo de mon propriétaire Heloir charcutier, je déguise mon homme en pêcheur avec tout le matériel ; qui se doit. Nous avons passé sans dommage la barrière allemande. Je bavardais avec la sentinelle, mon brassard de Défense Passive au bras gauche, pendant que Bob s'éloignait posément. J'avais prévenu le curé que j'aurais sans doute couché à Dinan. Voilà mes trois hommes réunis.
Une semaine s'écoule. J'ai la visite de Madame Lemoine qui me demande de bien vouloir libérer le chalet car sa belle-mère et Madame Pleven, mère du ministre, désiraient venir ici à cause des bombardements que Dinan allait sans doute subir. Je me suis mis en quête d'un logement et en ai trouvé à La Roseraie en Trédias. Cette propriété appartenait à monsieur Leprêtre, industriel à Paris, et gardée par un meunier et sa femme. La nuit, nous couchions au fond du jardin de peur de réquisition. Notre poste de radio nous apprend que les troupes américaines approchent. C'est le moment que choisit Monsieur Lancie. (Celui qui avait refusé de garder le premier américain) pour envoyer des soi-disant résistants au chalet dans le but de récupérer les trois hommes. Sous la menace, il oblige Madame Lemoine à lui donner notre nouvelle adresse. Ces hommes arrivent avec parait-il un parachutiste anglais Kernevel, lequel me force à lui remettre mes trois hommes. C'est le cur brisé que je les vois partir. Et voilà le curé qui arrive, averti par Madame Lemoine : ''Ne donne pas tes hommes, les américains passent à la gare de Broons. Trop tard. Le groupe avait disparu ...Je me rends au chalet et fait part de ma déception a Madame Lemoine. Puis, toujours en pompier, me dirige sur Dinan, car les allemands sont toujours sur les routes, les américains les ayant encerclé. En arrivant à Trélivan, à la ferme des "Rochettes", je suis arrêté par les allemands ; on m'enlève mon cuir, mon képi et mes bottes. Les mains derrière le dos, le long du mur, je per sais que mon compte était bon. Les minutes semblent sans fin. Arrive un officier qui s'étonne d'abord de me voir en cette tenue, puis me traite de terroriste, et enfin m'interroge. Je lui fais comprendre que c'est un soldat qui m'a dépouillé. Il s'absente un court instant et revient avec le chapardeur et mes effets. A la vue de mon uniforme, pris d'une rage subite, il a donné une correction exemplaire à son subordonné. Je me suis revêtu, j'ai eu le droit au coup de pied traditionnel au derrière. Qu'importe. Je l'avais échappé belle. A l'entrée de Dinan, je me suis arrêté chez ma cousine Madame Morin, son fils Jean était déporté. J'ai échangé ma combinaison bleue, qui était dons mon panier, contre ma tenue de pompier. A ce moment une balle, restée dans mon panier, est tombée sur le plancher. Quand j'y pense, je frémis. Le soir vers 5 heures, le viaduc de Dinan saute. Le lendemain, je repars à Languédias et passe chez le curé où une surprise m'attend : Bob Keeler était là, il était revenu à travers champs après avoir été abandonné par les soi disant résistants, qui, pensaient recueillir les, hommes. Bob nous a appris que la voiture qui les conduisait s'était trouvée face à face avec une voiture allemande et que les deux autres voitures qui suivaient s'étaient vidées de leur contenu en un clin d'il. Bob avait regagné à pied Languédias. Quand nous sommes revenus quelques jours plus tard à Dinan, Franck nous attendait. Nous avons fêté tous ensemble la libération de la ville. Les deux hommes ont rejoint les troupes américaines le lendemain John était monté à bord d'un char en direction de Brest. Ainsi se termine le recueil de mes mémoires, après avoir vécu quatre mois au nez et à la barbe des allemands, non sans avoir risqué ma peau.
Rapport escape evasion de Robert D. Keeler (1st Lt.) EE 935. ARC Archival Research Catalog Le 1st Lt. Robert D. Keeler, était dans le Pathfinders Group commandé par le Major Neal L. Roberts, du 505ème régiment d'infanterie parachutiste, Cie QG. Parachuté à 2 heures du matin, il a été capturé dès les premières minutes du 6 juin près de Sainte Mère Église. En allant vers Fresville, il a vite été encerclé par les mortiers et mitrailleuses ennemies, "les mains en l'air" le voici prisonnier et blessé. Ils ont marchés jusqu'à Montebourg, puis dans un véhicule pour Valognes. Il est resté six jours dans un hôpital. Il a été transféré en marchant à pied pendant quatre nuits, sur Bricquebec, puis à Tessy sur Vire. Ils se sont retrouvés à 150 hommes, 50 officiers, environ 25 officiers ont été mis dans un bus pour voyager de nuit, direction Paris. Il y avait trois sous-officiers allemands dans la partie avant de l'autobus, en face d'eux pour les garder. Soudain ils se sont précipités sur la porte, le Lt. Irwin et le Lt. Hendrickson George, ont sautés en dehors du bus, une chance il faisait une nuit bien noire et les gardiens n'ont pas eu le temps de réagir. Il était environ minuit, ils étaient près de Couptrain. Ils sont vite rentrés en contact avec des civils français, qui leur on donné des vêtements civils et brûlé leurs uniformes. Un plan d'évasion a été élaboré pour les envoyer sur la Bretagne. Direction Fougères, puis chez le curé d'un petit village à coté d'Antrain, à Saint Rémy du Plain, le prêtre contacte les hommes de la résistance. Il rencontre à Antrain un sergent chef et 8 jeunes hommes membres de la résistance. Il est caché dans les bois à 300 mt du village. Il est ensuite envoyé sur la Chapelle ? (Chapelle aux Filtzméens ?), car ensuite de la Chapelle il est caché à Pleugueneuc pendant deux jours, puis il part en compagnie d'une jeune femme blonde de la résistance et conduit dans la maison de M Pinchede 24 rue Kitchener à Dinan. A Dinan, il est prit en charge par George Tillou et envoyé dans un château près de Languedias. Il retrouve ensuite les Lt. Ginder et Hendrickson Frank. Ils sont libérés tous les deux par les troupes US le 2 août. Rejoindra l'Angleterre à temps pour sauter en Hollande lors l'opération Market Garden en septembre 1944. (Il sera informé par une femme membre de la résistance qu'un américain caché dans un bois à Broualan, qu'il s'agisse du Lt. Hendrickson, il y a une possibilité qu'il a été fait prisonnier et tué).. Rapport escape evasion de James Irwin (1st Lt.) EE 908. ARC Archival Research Catalog Le 1st Lt. James Irwin, subit le même sort que le 1st Lt. Robert D. Keeler, blessé il est envoyé dans un hôpital à Valognes pendant 10 jours. Il sera prit en charge par un prêtre de l'école catholique de garçons de Saint-Ellier-du-Maine, puis envoyé en foret de Fougères. Envoyé chez l'ancien maire de St Thual, M Homo, puis envoyé quatre jours dans la famille de Célestin Brandilly et retrouve le 2Lt. Blaine Barritt chez Mme Petit et René Pinault près de St Thual.
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Voir témoignage de Monsieur Claude Roger, le 28 novembre 2013