Monsieur Auffray Lucien
J'ai toujours habité le village de "La Morais". Ce jour là je m'en souviens. Comme beaucoup de jeunes à cette époque, je gardais les vaches. C'était la fin de l'après midi. Soudain attiré par le bruit, j'ai aperçu haut dans le ciel un avion en feu qui se dirigeait dans ma direction. Laissant mon troupeau, je me suis rapidement réfugié au pied d'un gros châtaigner tout proche et fait en sorte de me protéger le plus possible. L'avion explosa en l'air, projetant des morceaux de métal un peu partout. J'entendais les bruits faits par la chute de ces pièces tout autour de moi et dans la vallée proche. Je vois encore les semaines suivantes, les soldats Allemands en grand nombre récupérer toutes ces parties métalliques et les regrouper pour ensuite les enlever. Je ne peu oublier ce triste événement.
Je me rappelle tout particulièrement de la chute spectaculaire d'un des moteurs de ce bombardier Américain. Nous habitions ici même au lieu dit "Poma". Ce moteur fit un bruit incroyable en tombant dans le ruisseau tout proche du lavoir où heureusement personne ne lavait ce soir là. Il y restera 26 ans en cet endroit, jusqu'au jour ou Monsieur Gesret entreprit de l'enlever. Il s'était enfoncé dans la vase. Ce fut un travail difficile. Aujourd'hui on peut le voir au Musée de la Résistance à Saint Marcel dans le Morbihan. L'hélice de ce moteur tomba juste derrière notre maison heureusement ne blessant personne. La partie avant de cette hélice (casserole d'hélice) tomba dans notre cour, la aussi sans blesser personne. Pendant plusieurs semaines les Allemands ratissèrent les lieux et firent un énorme dépôt de morceaux métalliques qu'ils emmenèrent ensuite sur des camions.
Je gardais les vaches au village de "Bahado" quand soudain, dans le ciel surgit au loin un avion en feu. J'ai aperçu des points blancs s'en échapper. Ils brillaient dans le ciel. J'ai tout de suite pensé que les aviateurs s'en échappaient et que cet avion allait s'écraser. Il explosa en vol. Un des parachutes s'éloignait des autres, il atterri entre "Le Scep et Coëtbot". La partie principale de l'avion s'abattit derrière le village de Trémeleuc, heureusement en ne touchant personne. Le calme revenu, j'entrepris de rentrer mon troupeau. Sur la route, je fus pressé par une colonne de camions Allemands qui se rendaient sur les lieux. J'eus très peur quand un avion que je suppose Allemand passa à très basse altitude dans un vacarme d'enfer et à grande vitesse.