Crash du 23 avril 1941

Créhen

He 111 H-3, codé F8 + V4 (WNr. 5670)

Crash Heinkel 111 . Groupe 3 . KG 40 à Créhen, Cotes d’Armor.

GOType H-3 codé. F8 + V4. Wnr. 5670 (Numéro de construction). Construit sous licence a Leipzig,

Allemagne par l’Allgemeine Transport Anlagen Gesellschaft (Société Générale De Construction De Véhicules De Transport.

 

 

 

 

Mercredi 23 avril 1941... Base de Lanvéoc. Finistère.

Les allemands occupent tout le nord de la France depuis dix mois. La Luftwaffe est très active et malheureusement très efficace contre les objectifs anglais. Après la bataille d’Angleterre elle met toute ses forces dans la bataille de l’Atlantique et appuie la lutte des redoutables sous marins U-Boat. En avril 1941, 688000 tonnes de navires sont déjà détruits entraînant de considérables pertes humaines parmi les équipages des bateaux.

 

GO

En ce début d’après midi sur le tarmac de l’aérodrome de Lanvéoc les équipages allemands sont au briefing recevant les ordres pour leur mission. Les mécaniciens et artificiers s’affairent à l’approvisionnement en carburant et munitions du Heinkel WNr.5670. Le chargement des bombes se fait avec une précaution toute particulière. L’adjudant chef Bruno Sengespreik sera le sous officier maître d’équipage. Il aura une fonction de radio du bord. Il remplace aujourd’hui l’adjudant Edgar Schoppe blessé dans ce même avion au cours de la mission précédente le 16 avril par un tir adverse. Le sergent Herbert Dagott sera le pilote, il sera secondé par le sergent Wilhem Baier observateur âgé de 24 ans. Quatrième membre d’équipage le caporal Heinz Pieperheit âgé de 21 ans. Il sera le mécanicien de bord.

Cet équipage appartient au 3ème groupe du Kampfgeschwader 40 (groupe de bombardement) l’avion sera incorporé dans un groupe de 5 Heinkel. Le Heinkel 111 H-3 est destiné au bombardement des navires. Avion spécifique, il sera construit a 150 exemplaires. Vers la fin de l’après midi ces Heinkel s’envolent pour leur mission. Ils emportent chacun deux tonnes cinq de bombes, soit dix bombes de 250 kilos. Elles ont la particularité, ces bombes d’être équipées de STABO SPIKE (Pointe stabilisante) cet a dire équipées d’une pointe d’acier en avant de la fusée et au contact avec l’objectif de s’enfoncer et ne pas ricocher sur le pont des navires ; puis exploser. Six mitrailleuses de calibre 7,92 mm sont à poste sur ce Heinkel, sachant qu’un canon de 20 mm est en position ventrale. L’équipage ne sera pas assez nombreux pour servir toutes ces pièces. Il manque sans doute des membres d’équipages formés car le groupe a déjà perdu beaucoup d’aviateurs. Au briefing la mission définie pour aujourd’hui est l’attaque systématique de tout navire. Il devront survoler le canal de Bristol ainsi que la canal Saint-Georges entre l’Irlande et l’Angleterre puis si au retour, si il reste des bombes attaquer les aérodromes de la Royal Air Force basés sur Land's End la pointe sud-ouest de l’Angleterre. On trouve dans cette région l’aérodrome de Bolts Head d’où était partie la mission sur le Trieux.

 

 

 

GO

Que s’est-il passé ? Sur le rapport de pertes on retrouve «Fausse manœuvre», les archives donne aussi «Ennui mécanique». Quand on site le lieu du crash et le but de cette mission on se rend compte de la dérive de cet appareil. On peut faire l’hypothèse d’une panne des équipements d’orientation. Suite a une attaque ? Vraisemblablement récupéré en radio au dessus de la Manche, puis guidé pour se poser sur l’aérodrome de Pleurtuit. Je n’ai pu rencontrer de témoins directs de ce crash mais faire une synthèse de propos rapportés par plusieurs personnes. Il en résulte que ce Heinkel, ce mercredi 23 avril 1941 est en approche du terrain de Pleurtuit. Il est environ 21 heures. Les habitants de la ferme de la "ville es Rouets" en Créhen, entendent le bruit des moteurs si proche qu’ils pensent que l’avion va s’écraser sur leur habitation, en toute hâte ils se précipitent a l’extérieur et fuient l’endroit. L’avion rase le toit de la ferme, parcoure encore 500 mètres et s’écrase au lieu dit les "Tourelles" sur une butte parmi un bosquet d’ormes. Un des moteurs s’embrase. Des voisins se rendent immédiatement sur les lieux. Il est trop tard pour trois membres de cet équipage tués sur le coup ; seul l’adjudant chef a la vie , sauve mais est sérieusement blessé. Il restait 8,5 km à parcourir pour rejoindre la piste de Pleurtuit.

Très vite les allemands occupant Languenan, tout proche, accourent. A Languenan ils avaient installé une importante station de radio guidage. Il mettent en place pour la nuit des sentinelles de garde et dès le lendemain commença le travail de récupération des restes de cet avion détruit à 90 % ; ils firent en sorte de tout faire pour effacer cet accident ; de nos jours il ne reste absolument rien et les ormes ont disparus de nos contrées anéantis par une maladie. Ce Heinkel avait il accompli sa mission ?. On ne peut savoir. Attaqué en cours de mission probablement. Ce 23 avril 1941 était un jour froid, 4 à 6 degrés. Un vent soufflant très fort de nord-nord-est. (Archives météorologiques de Guernesey).

 

 

 

Heinkel 111 H-3

Masse : 8 650 kg

Envergure : 22,60 m - Longueur : 16,40 m

Armement : 5 mitrailleuses de 7,92 mm -1 canon de 20 mm

Moteurs : 2 Jumo D-1 de 1 200 CV

Equipage : 5/6 hommes

Vitesse : 410 km/h

Rayon d’action : 1 215 km.


Merci aux personnes qui m’ont aimablement accueilli lors de mes recherches ainsi que pour leur aide apportée.

Merci a Philippe Dufrasne de Belgique pour sa recherche. Merci également a mes Amis de Guernesey, Carroll et Ben Le Carpentier.

 

GOGOGO

Les trois membres d’équipages morts dans ce crash reposent au Deutscher Soldatenfriedhof Marigny près de Saint-Lô dans la Manche (Cimetière militaire allemand).

 

Janvier 2009. J’ai pu recueillir le témoignage d’une dame âgée d’une douzaine d’années à l’époque et qui habitait à environ un kilomètre du site du crash. Un soir nous avons entendu un bruit d’explosion. Il était environ 20 heures 20 h 30, vite nous sommes sortis a l’exterieur de notre maison et avons vu une énorme fumée noire s’élevant dans le ciel. Le lendemain matin nous avons appris par un voisin qu’un avion allemand s’était écrasé. Avec mes parents dans l’après midi nous avons fais le chemin pour le voir. Nous n’avons pas pu approcher auprès, mais du bout du champ nous avons aperçu cet amas de ferraille disloqué. Les arbres du petit bosquet étaient abattus.

Récit, collecte des témoignages, Jean-Michel Martin - ABSA 39-45 - Côtes d'Armor