Eréac Codé QB-F
No. 424 Squadron RCAF 'Tiger Squadron' |
ÉREAC. Côtes dArmor. Mardi 26 janvier 1943. Sur la Base de Topcliffe Yorkshire Angleterre. Lescadron 424 du groupe de bombardement de la Force Canadienne se prépare a une mission de bombardement. Ils doivent en vol rejoindre une formation qui au total regroupera 157 avions alliés. Lobjectif aujourdhui sera la base sous marine de Lorient ou de gigantesques travaux de construction sont en cours par lorganisation allemande TODT. De cette base partent déjà les redoutables U-BOAT (Sous Marins). Les bombardiers du 424ème groupe Canadien sont des Vickers Wellington du type 3. Ce sont des bimoteurs pouvant emporter deux tonnes de bombes. Cet avion a pour sa propre défense deux postes de mitrailleuses lourdes, doubles. Un poste dans le nez de lavion lautre en bout de fuselage arrière. Les défenses de côtés sont également pourvues de postes de tirs servis par un mitrailleur. Cet avion a une forme générale très allongée, cest pourquoi les aviateurs lui donnent le nom de cigare volant. Ce Wellington est immatriculé QB-F. Six hommes composent son équipage tous au grade de sergent.
Tout autour de la formation, cest lintensité du feu des défenses contre avions ( DCA allemandes) qui illumine le ciel de lueurs rougeâtres accompagnées de volutes de fumées noires. Vision terrifiantes pour ces jeunes aviateurs pas habitués à cette situation. Soudain, un choc énorme, violent secoue lavion. Il vient dêtre touché par plusieurs projectiles. Immédiatement McHarg le pilote se rend compte de la difficulté à piloter son appareil endommagé. Un des moteurs sest arrêté. Le pilote prévient tout léquipage de la situation et de sa décision de quitter la formation pour mettre le cap sur la plus proche base Anglaise pour se poser. Il reste une bombe à bord et il va falloir la larguer absolument lorsque lavion survolera la Manche. A lévidence le pilote se rend compte quil perd de la vitesse et quil perd aussi de laltitude de plus en plus. Dans les hauts parleurs du bord il informe ses coéquipiers des difficultés à venir et indique à chacun de mettre en instance sa propre survie. Putnam, McHarg, Ingram, Vallis
Un témoin raconte. Il était environ 20 heures. Jhabitais sur la place du bourg dÉreac et soudainement le bruit intense, bas, dun avion se fit entendre. Je suis sorti de chez moi aussitôt, trouvant cela inhabituel, jai pensé tout dabord à un avion allemand de surveillance car une lumière était restée allumée en face chez un commerçant. Les allemands étaient strictes, il ne fallait aucune lumière visible. Un voisin ma rejoint immédiatement, et là, nous avons vu cet énorme bombardier, qui très bas passait au dessus de léglise venant de la direction de Mérillac. Il décrivit une courbe et se dirigeât vers LEst. Il y avait de la lumière à bord et malgré la nuit nous apercevions une traînée importante de fumée noire sortant par larrière de lappareil. Lavion continua sa route quelques instants, et se fut un bruit dexplosion dune rare violence qui submergea notre bourg, si tranquille dhabitude. Le WELLINGTON sétait écrasé à la sortie du bourg, près des écoles, dans le creux dun champ sur la route de Merdrignac. Cette déflagration puissante enveloppa le bourg, soufflant les vitres, arrachant les fenêtres et volets et aussi des portes. Même une partie des vitraux de léglise furent soufflés. Le témoin rapporte ces fenêtres qui ouvraient à contre sens après lexplosion. Un gigantesque incendie sur plus de deux hectares se déclara. On voyait comme en plein jour. Le pilote conscient quil était au dessus dune agglomération resta aux commandes de son appareil et fit le sacrifice de sa vie, évitant ainsi un drame épouvantable à la population du bourg. On ne sait pas pourquoi le mitrailleur Masterman était resté à bord. Le Maire Monsieur Francis Bedel rapidement organisa la recherche des aviateurs qui avaient dû sauter en parachute. Il organisa plusieurs groupes. Il fallait faire vite car les Allemands nallaient pas tarder a arriver sur les lieux. Rapidement des Canadiens blessés furent retrouvés et protégés mais les allemands les firent prisonniers. Un témoin raconte Je suis parti avec un petit groupe à la périphérie du bourg à leur recherche. Nous devions être discrets car nous savions que loccupant ne tarderait pas. Traversant un petit champ nous avons découvert le corps du Sergent Putman qui lui avait sauté tardivement et beaucoup trop bas. Son parachute ne s était pas ouvert, ce qui lentraîna dans la mort. Il gisait, accroché dans un chêne dans les sangles de son parachute. Un peu plus tard les Allemands arrivèrent venant de Lanrelas. Cétait un groupe de soldats affectés à la surveillance et à lobservation, dirigés par un officier du nom de Muller. Le lendemain matin soffrait autour de nous un spectacle de désolation. Aux abords de la zone de chute, tout était disloqué. Parmi les débris de la carlingue apparaissait les restes des deux aviateurs. Lincendie avait été intense, tout était calciné. Quel sacrifice. Les arbres, tout autour étaient noirs. On retrouvaient des débris à plusieurs centaines de mètres de limpact. Il fallut rendre un dernier hommage à ces trois aviateurs morts sur notre sol. Les obsèques devaient avoir lieu. Mais quand, car loccupant seul maître des situations devait en décider, ne voulant pas que la population y assiste. Le Maire ne lentendait pas de cette manière et bien décidé à organiser des funérailles à ces enfants venus dOutre Atlantique pour notre LIBERTÉ.
Picture prepared for Wikipedia by Keith Edkins in April 2004. Aircraft of the Fighting Powers Vol I Ed: H J Cooper, O G Thetford and D A. Russell Harborough Publishing Co, Leicester, England 1940.
Le jeudi 28 janvier 1943 vers 9 heures le Maire Monsieur Bedel fut informé par les allemands que les obsèques auraient lieu à 11 heures. Il avait devant lui deux heures pour faire prévenir le maximum de personnes, dans Éreac et dans les communes voisines. Ce matin là, à 11heures précises, cest une foule innombrable qui se présenta sur la place avec des fleurs. La surprise fut totale pour loccupant, qui lui, en avait décidé autrement. Un groupe de soldats allemands étaient sur place, ils avaient reçu lordre de rendre les honneurs militaires à ces malheureux Canadiens. Une salve fut tirée au cimetière lors de linhumation. Les trois cercueils furent recouverts des drapeaux Français et Alliés. Les Aviateurs survivants qui avaient été fait prisonniers et aux mains des allemands, furent autorisés à assister aux funérailles de leurs camarades . Ils furent envoyés dans un camp en Allemagne et ne furent libérés qua la fin de la guerre en 1945. Monsieur Bedel fut convoqué immédiatement à la Kommandantur à Saint Brieuc pour quil sexplique sur la venue dune telle foule à lenterrement. On craignait pour lui, mais heureusement, il ne lui arriva rien. Sur les croix de bois des trois CANADIENS, furent inscrits sur ordre du Maire ces inscriptions en Anglais REST THE LORD (repose prés du Seigneur) et LIVING FOR DUTY, DYING FOR GLORY (Vivre pour le devoir, mourir pour la gloire) ce qui irrita le commandement allemand de la région.
Je tiens à remercier Monsieur Geffray Maire dÉreac, Monsieur Coquio ancien Maire, Monsieur Gueheneuc, ainsi que le personnel de la Mairie pour laimable accueil que lon ma réservé.
Lieu du crash du Wellington BJ714 |
|
||
|
|
|
|