SAINT RIEUL. Côtes d'Armor. Dimanche 28 mai
1944. Vers 17 heures 30. Chute du Spitfire Mark XIV.
Piloté par le Flying Officer Brian Thomas Colgan
"Butch". du 610 Squadron Royal
Air Force. (County of Chester). Basé
à Harrowbeer. Devon, (sud -ouest Angleterre) Spitfire
RB175, codé DW-L.
Les quatre Spit lors d'un vol,
le Flying Officer Brian Thomas
Colgan se trouve dans l'un des
deux Spit sans les marquages
visibles
En cette journée du 28 mai 1944 la
première mission de l'escadron fût matinale. En
effet, le Flight Lieutenant Madden et le Pilot Officer
Scaman décollèrent à 5 heures 50 pour
une reconnaissance au dessus de l'Aber-Wrac'h dans le nord
Bretagne avec un prolongement au dessus du goulet de Brest.
A 7 heures 20 ils rejoignirent leur base. Tout se passa sans
aucun problème. Une seconde mission fût
prévue par l'état Major pour la fin de
laprès midi. Missions spécifiques
appelées ''rhubarb'' pour tous les escadrons de la
RAF pendant la 2ème GM. Celle ci portait
le numéro 259. Ces missions n'avaient pas de cibles
définies à l'avance. Les cibles ennemies
à rechercher étaient à
l'opportunité. Les aviateurs devaient détruire
ou du moins tenter de le faire, tout convois ennemi routier
ou ferroviaire. Mais aussi éventuellement d'autres
appareils Allemands en vol ou stationnés sur un
aérodrome.
Ce
groupe de quatre pilotes fût désigné. Il
avait pour commandant le Squadron Leader Richard Newbery.
(Photo de gauche). Pilote expérimenté, chef de
l'escadron (il restera à ce poste jusqu'en 1945),
décoré de la haute distinction DFC.
Distinguished Flying Cross. Officier rendu
célèbre pour avoir à bord de son
Spitfire détruit en vol 9 bombes volantes V 1
tirées à partir de la France par les allemands
en direction des villes Anglaises. Le Flight Lieutenant
Shepherd sera son second. A ces deux pilotes viennent se
joindre les Flying Officer McKinley et Colgan. Tous
expérimentés, avec à leur actif, de
nombreuses heures de vol ainsi que des mises en situation de
combat en vol mais aussi en attaques au sol. Après
leur décollage à 17 heures, les quatre avions
se regroupent en arrivant au dessus de la Manche. La
traversée vers la Bretagne nord est très
rapide. (Le Spitfire Mk XIV peut avoir une vitesse de pointe
de 750 km/h ). Les conditions météorologiques
sont bonnes. Le Squadron Leader Newbery, par radio, donne
ses ordres à ses coéquipiers car la côte
est en vue. Une grande vigilance est recommandée car
l'ennemi peut surgir à tout moment. Après une
boucle aux approches de Brest, le groupe commence à
prendre en enfilade la voie ferrée qui va vers
Rennes. En parallèle une surveillance de l'axe
routier est opérée, de manière à
repérer tout véhicule y circulant. Soudain, en
arrivant sur Landivisiau une fumée blanche
s'élevant dans le ciel est bien visible, signalant la
présence d'un convoi ferroviaire.
Immédiatement les quatre aviateurs Anglais se
préparent à l'attaque avec grande prudence car
les convois ennemi sont protégés par un wagon
ou les allemands ont installé des canons de la FlaK
(DCA). Ce wagon est souvent placé à
larrière du train, parfois aussi à
l'avant derrière la locomotive. Après une
reprise d'altitude, les quatre Spitfire fondent sur le
convoi faisant feu de toutes leurs armes de bord
décrivant ensuite une large boucle, tout en reprenant
de l'altitude pour échapper aux tirs ennemis. La
cible est touchée. Le train est immobilisé en
rase campagne. Le leader signale la reprise de progression
du vol indiquant que l'objectif à été
atteint. Le vol continue, guidé par les rails, qui
vont vers Guingamp puis Saint-Brieuc sans difficulté.
Juste après Lamballe, une nouvelle fumée
signale la présence d'un train qui se dirige vers
Rennes. Le Squadron Leader Newbery renouvelle ses ordres en
recommandant la plus grande prudence. Ici aussi le convoi
doit être protégé par de l'artillerie
mobile. Arrivé au lieu -dit ''Le Cas Rouge'' sur la
commune de Plestan, c'est l'attaque. Un feu nourri arrose le
convoi. La charge des quatre avions est énorme. Un
wagon de carburant placé au milieu du convoi explose
dans une gerbe de feu gigantesque. Le wagon de la
défense antiaérienne placé à
larrière fait feu de ses quatre canons.
Le Flying Officer.
COLGAN Brian
Thomas
Voici une photo d'un des modèles de wagons de
la flak qui pouvait être utilisé sur la ligne
ferroviaire
Hélas lors de cette attaque le Flying Officer
Colgan signale que son avion a été
touché par des obus. Lui même n'est pas
blessé mais il va devoir atterrir en urgence. A trop
basse altitude il lui est impossible de
séjecter pour sauter en parachute. Il quitte la
formation en faisant plusieurs battements d'ailes (lire le
témoignage de Monsieur Pelaine) et amorce la descente
vers le sol.
Champ où est tombé le Spitfire
Le Spitfire se présente devant un grand champ,
comme pour un atterrissage normal mais sans le train sorti.
Il heurte un talus, l'arrachant au passage, rebondit pour
venir en glissade se piquer dans le sol au bout d'une lande
où il s'immobilise. Premier contact avec le sol de
France au village de la "Livraudais" en Saint-Rieul. Le
Flying Officer Colgan sauf, sort de son cockpit après
avoir défait ses harnais de siège ainsi que
son parachute. Il traverse rapidement le champ en prenant la
direction de l'entrée. Il se retrouve dans un chemin
bordé d'arbres et là il rencontre une dame
à laquelle il demande ''résistance''
''résistance'' ? La dame un peu surprise lui
indique la direction du bourg où malheureusement il
sera arrêté rapidement par les Allemands dans
la soirée. Il sera transféré au camp de
prisonniers réservé aux aviateurs en Prusse
Orientale (de nos jours en Pologne) le Stalag Luft III de
Sagan. C'est en ce lieu que plusieurs aviateurs
tentèrent de s'échapper le 24 mars 1944.
Tentative qui fût désastreuse. Le film ''La
grande évasion '' relate cet événement.
Il ne sera libéré qu'à la fin de la
guerre en mai 1945.
Spitfire codé DW-D du Squadron Leader Richard
Newbery
Spitfire Mark 1 livrés à Hooton Parc,
dans le Cheshire (la maison de l'escadron 610) dans le
nord-ouest de l'Angleterre en 1939
Les pilotes de l'escadron 610 à Acklington dans
le Northumberland dans le nord de l'Angleterre en septembre
1940 avec leur chef d'escadron John Ellis
Les pilotes de l'escadron 610 à Hawkinge dans
le Kent en juillet 1940 pendant la bataille
d'Angleterre
La mission de retour à Harrowbeer
annonça la disparition du Flying Officer. Cette perte
était immense. Était il blessé ou mort,
pas de réponse. Mais aussi la perte de l'avion
était aussi problématique car ce ''Spit'' Mk
XIV était le premier à tomber en territoire
ennemi (construit à 970 exemplaires). Il ne fallait
pas que les Allemands récupèrent cette
technologie avancée, surtout qu'il s'était
posé semble t il sans brûler. Aucun feu n'ayant
été repéré dans les minutes qui
suivirent le crash. Immédiatement une nouvelle
mission du nom de ''Special sweep'' fut
décidée, avec pour but de retrouver
l'épave et de la détruire le plus possible.
Les avions furent rechargés en carburant. Les
munitions furent réapprovisionnées. De nouveau
le Squadron Leader Newbery en fût le leader. Les
pilotes Shepherd et McKinley, se joignirent à lui
ainsi que le Flying Officer MacFarlane en remplacement du
Flying Officer Colgan. Le décollage eut lieu à
21 heures 25. Très vite arrivés sur zone (lire
témoignage de Monsieur Hercouet ), le repérage
commença mais s'était sans compter de nouveau
sur des tirs provenant du wagon de FlaK mais aussi
vraisemblablement d'une section antiaérienne
Allemande basée dans le bois de Haie en Tramain.
Cette section devait protéger la voie ferrée
Lamballe Rennes. Les canons étaient cachés le
jour dans le bois et à la tombée de la nuit
l'ennemi les ressortait. Les quatre aviateur ne purent mener
à bien leur mission car la nuit commençait
à tomber. Le groupe rentra en Angleterre. Il n'y eut
pas de nouvelles tentatives les jours suivants. Les
Allemands comme il le faisait toujours
démontèrent l'avion, puis chargé sur
des camions il prit la direction de Lamballe.
TÉMOIGNAGES. Monsieur Pelaine Roger. J'avais 19
ans. C'était un dimanche. Je m'en souviens
très bien. Avec d'autres jeunes nous allions danser
le dimanche après midi dans un village proche. Il
fallait se distraire car l'occupation Allemande était
très dure pour tout le monde. Nous manquions de tout.
Les Allemands sentaient que les choses changeaient, ils
étaient de plus en plus sur les nerfs. Il fallait
faire attention. C'était en fin daprès
midi. Tout à coup nous avons entendu des explosions.
C'était une attaque d'un train sur la voie
ferrée au lieu dit ''Le Cas rouge'' en Plestan.
Doù j'étais, j'ai vu un avion,
très bas dans le ciel qui s'était mis à
faire plusieurs battements d'ailes avant de piquer vers le
sol. Cet avion semblait en difficulté. On entendait
le bruit des autres avions. Le lendemain certains dirent que
c'était des avions Anglais qui étaient venus
attaquer la ligne. Un des wagons, au centre du train
explosa. Il était rempli de carburant. Le train
était protégé par une unité
d'artillerie mobile qui vraisemblablement toucha cet avion.
M. Pelaine Roger & M. Hercouet
Joseph
610 Sqdn- Spit DW-E-Chester-England
Monsieur Hercouet Joseph. L'avion était
tombé dans mon champ à la "Livraudais". Il
avait tout d'abord heurté un talus puis fit une
longue glissade sur le ventre avant de se piquer en terre
à lextrémité de la lande. Le
pilote n'avait pas été blessé et
n'avait pas sauté en parachute. Le pilote fût
arrêté au bourg et se retrouva prisonnier au
moment où il recherchait à entrer en contact
avec la Résistance. Il avait demandé à
une dame qui hélas ne pût le renseigner. Je me
souviens également que tard dans la soirée
nous avons entendu des avions qui tournaient au dessus de
nous, il faisait presque nuit. L'artillerie allemande se mis
à tirer. Nous avions très peur. Puis on
entendit plus rien. Le lendemain on fût informé
de tout ce qui s'était passé prés de
chez nous.
Le Flying Officer Brian Thomas COLGAN du
610ème Squadron RAF. Rapport
rédigé par lui même le 13 mai
1945 à son à son retour de
captivité.
Matricule militaire 51060. Extrait. Il est
né le 5 avril 1915 à
... Son
domicile privé était à
l'Auberge de la Locomotive situé dans Garrat
street à Manchester Angleterre. Il
exerçait le métier de plombier. Il
s'était engagé dans la Royale Air
Force le 4 mars 1937 à l'âge de 22
ans. Il arriva au 610 le 13 juin 1943. Il fut
blessé lors de sa capture. Le 28 mai 1944.
Il n'avait pas subit d'interrogatoire. Il
était âgé de 29 ans. Une
semaine après sa capture il se trouvait
à l'hôpital d'Obermans. Cet
hôpital dépendait du camp de
prisonnier où il devait être
détenu, le Stalag Stalag Luft III à
Sagan (aujourd'hui Zagan en Haute-Silésie)
(Nord Ouest de la Pologne aujourd'hui) où
étaient regroupés les aviateurs
alliés captifs. Il restera 25 jours
hospitalisé. Ensuite il rejoindra son lieu
de détention Stalag Luft 3. Il y restera
jusqu'au 28 janvier 1945 soit 7 mois pour ensuite
être détenu au Stalag Luft 3
Luckenwald. Il y restera jusqu'au 3 mai 1945 date
de sa Libération.
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Remerciements à Monsieur Gesbert maire de Saint
Rieul. Aux témoins de cette époque M. Pelaine
Roger, M. Hercouet Joseph.
Remerciements pour son aide à M. Michael Lewis.
Correspondant de l'Association pour la Mémoire du 610
Squadron de la Royale air Force à Chester en
Angleterre. M. Stephen Fryer, président de
l'association de la Mémoire de l'aérodrome d'
Harrowbeer, Devon. Jonathan Ives.
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