Plouër sur Rance
Stab /StG 3 |
PLOUER sur RANCE (22) Côtes d'Armor). Samedi 3 août 1940. Chute du bombardier Allemand. Dornier 17 M1. Du Stab /StG 3. Nord du village de la Guénerais. Juin 1940. La France vient de subir l'écrasement total. Désormais seule la Grande Bretagne résiste à l'invasion Allemande. Winston Churchill refuse catégoriquement les propositions de paix que lui adresse Hitler. En représailles, l'opération Adlertag (Jour de l'Aigle) sera lancée le 13 août 40 à partir de tous les aérodromes Français occupés par la Luftwaffe (armée de l'air Allemande), ce même jour sera le début d'une bataille plus connue sous le nom de Bataille d'Angleterre. Les missions on pour objectifs la destruction des aérodromes du sud de l'Angleterre mais aussi de tous les aéronefs de la Royal Air Force en vol et au sol. La Luftflotte 2 (2ème flotte aérienne )et Luftflotte 3, Allemandes occupent les terrains d'aviation proches de la Manche et de la mer du nord depuis le mois de juin, sur une zone allant des Pays Bas à la Bretagne. Dans cette offensive, elles seront renforcées par la Luftflotte 5 (5ème flotte aérienne) est basée en Norvège. Sur l'aérodrome de Pleurtuit, le Sturzkampfgeschwader n° 3 (3ème escadron de bombardement en piqué) (Voir historique plus bas) a été formé et organisé par le haut commandement Allemand le 9 juillet 1940. En ce samedi 3 août 1940, au cours de l'après midi, le feldwebel (adjudant) Willy Krause (né à Essen le 2 décembre 1913. Âgé de 27 ans), le pilote, reçoit de ses supérieurs un ordre de mission pour un vol d'essai de tests radio (funkversuchsflug) à destination de Saint Denis (Le Bourget) en région Parisienne. Il pilotera un bombardier bimoteur Dornier 17 M1. Il est décoré de l'agrafe de vol de bombardement, ce qui signifie qu'il a déjà participé à plus de 20 missions de combat. Le second, officier, sera l'Oberleutnant (Lieutenant) Helmut Küster (né le 2 juin 1913. Âgé également de 27 ans) il occupera le poste d'observateur. Le troisième membre d'équipage sera l'Unteroffizier (Sergent) Ernst Sellke (né le 8 octobre 1919 à Oliva) occupant le poste de bordfunker (opérateur radio de bord ). Le décollage aura lieu en début de nuit, la mission devant être nocturne. La météorologie indique pour cette soirée, un vent d'est-nord-est, une température de 18 degrés, sous un ciel assombrit. Une visibilité de 2 à 5 miles. Une couche nuageuse stagne à 4000 pieds (1200 mètres ). Le puissant bombardier décolle dans un axe nord-sud aux environs de 23 heures 30. Il semblerais qu'au vu des témoignages, un autre avion aurait décollé peu de temps après lui et dans la même direction (chasseur de protection ?). Le Feldwebel Krause exerce toute son attention à la prise d'altitude de son appareil lui faisant déjà prendre une courbe d'orientation ouest-est, c'est à dire vers la région Parisienne, but de sa mission. Après quelques minutes de vol, un feu important se déclare dans le moteur gauche créant la panique dans l'appareil. Le Dornier n'est plus maîtrisable et l'adjudant Krause se rend compte de la gravité de la situation. L'avion amorce une descente fatale à grande vitesse vers le sol, et vient s'écraser dans un bruit énorme au nord du village de la Guénerais en Plouër sur Rance dans un champ. Il glisse sur le sol sur une centaine de mètres. Deux des aviateurs sont tués sur le coup, le troisième sera retrouvé dans un arbre au levé du jour. Grièvement blessé, il mourra dans la journée. Tous trois furent inhumés au cimetière de Dinard. Aujourd'hui, ils reposent au cimetière Allemand de Marigny près de Saint-Lô dans la Manche. Témoignages. Madame Bacle. Je ne peus dire à quel moment nous avons vécu cet événement, il me semble que c'était vers le milieu de la guerre mais je n'en suis pas sûre. Après un grand bruit qui nous avait réveillées en sursaut, nous avons, ma mère et moi ouvert les volets rapidement et nous avons aperçu un incendie en direction de notre verger. Nous avions très peur que cela se propage vers notre village. Il y avait environ une distance de 200 mètres de chez nous à ce feu. Mon oncle nous informa qu'un avion était tombé vers le chemin menant au lieu dit des Ilots. Au levé du jour, nous avons été voir. Ce n'était que désolation avec des morceaux de métal partout. L'avion était complètement disloqué. Un des moteurs avait brûlé. Il était tombé dans le chemin. Je me souviens très bien que mon frère Francis nous avait dit ''Eh bien je me souviendrai de mon anniversaire. Il était né le 3 août 1928. Un oncle qui habitait le village de "Lannois" ayant entendu ce bruit terrible et ayant aperçu cet incendie arriva chez nous tôt le lendemain matin. Il dit à ma mère ''Ah, il est beau ton champ de blé, un avion est tombé dedans cette nuit''. Les allemands sont arrivés en nombre en début de matinée, interdisant l'accès à de nombreuses personnes qui voulaient voir ce qui s'était passé. Un aviateur blessé fût amené chez nos voisins. Dans la cour il fut placé sur une porte lui servant de civière. Dans les jours qui suivirent, de nombreux allemands furent occupés à enlever les restes de l'avion. Ce qu'ils firent minutieusement. Je me souviens des ailes qui avaient été placées sur la remorque d'un camion. Tout disparu rapidement. Un allemand qui parlait Français avait dit que le plus jeune des aviateurs était un élève en formation.
Dornier 17 - Photo Bundesarchiv
Madame Besret. J'avais 9 ans et je me souviens très bien de cette histoire arrivée au début de la guerre. Nous avions été, ma mère et moi voir cet avion Allemand qui était tombé prés de la "Maltournée". Nous étions parties aussitôt la nouvelle connue. D'autres personnes nous suivaient et voulaient aussi savoir ce qui s'était passé. C'était dans la matinée, mais je ne puis dire la date. Cet avion était tombé pendant la nuit. Les gens racontaient qu'il allait à Saint Denis. D'autres disaient qu'il était poursuivi par des avions. En fait personne ne savait vraiment ce qui était arrivé. Il y avait beaucoup de monde, les soldats allemands tiraient des coups de feu en l'air de temps en temps pour éloigner ceux qui approchaient trop près. L'avion était disloqué de toute part. Une partie était dans un verger. C'étaient un gros avion. Un bombardier disaient certains. On avait appris par la suite que les allemands avaient tout récupéré les restes pour ne pas laisser de trace. Pour eux c'était une triste histoire. Madame Jegu. Il me semble que cet accident eut lieu en début de guerre. J'étais très jeune mais je m'en souviens un peu et puis j'en ai entendu parler souvent par la suite. Nous avions été réveillés brusquement. Le ciel derrière chez nous était en feu. Nos parents craignaient l'incendie de notre maison et des bâtiments attenants. Je me souviens que le matin suivant cet accident fût amené chez nous un aviateur blessé retrouvé accroché dans un cerisier. Il fût allongé sur un grand panneau de bois que mon père proposa aux Allemands et fut déposé ainsi dans notre grange. Une voiture allemande arriva rapidement sur les lieux pour l'emmener. Oui, je pense au début de la guerre car par la suite sont arrivés les réfugiés dans notre commune.
Monsieur Campion. Je me souviens bien avoir entendu parler de cet avion Allemand qui était tombé sur Plouër sur Rance. Je n'étais pas allé le voir car les sentinelles empêchaient les gens de passer. J'en ai parlé plusieurs fois avec mon médecin le docteur Langlais qui dut secourir un des aviateurs sérieusement blessé, conduit à son domicile. Il avait été dit qu'il avait été retrouvé dans un cerisier, sans doute éjecté dans le choc. Le docteur Langlais parlait allemand, c'est sans doute pour cela que l'occupant eut la préférence pour ce médecin qui habitait aussi dans la commune. Ils n'avaient sans doute pas le temps d'attendre un de leurs docteurs. Madame Fontaine. C'était pendant l'été 40. J'avais 16 ans mon père étant décédé en 1938, je vivais avec ma mère. Nous exploitions une petite ferme au village de "Lannois". Je me rappelle de cet accident. Nous venions de nous coucher, quand soudain nous avons entendu un avion très bas, qui faisait un bruit peu ordinaire. Nous nous sommes levées rapidement et avons ouvert nos volets et là, nous avons vu dans le ciel cet avion en feu qui tombait en direction du village de la "Guenerais". Nous avions très peur qu'il tombe sur le village. Il y eut un bruit terrible puis au sol l'incendie continua. Nous ne le voyions pas car nous étions dans un creux mais le ciel était tout rouge. Le lendemain matin nous avons appris ce qui s'était passé. On nous avait dit qu'un des aviateurs avait été retrouvé blessé dans un arbre. Les recherches sur cet accident aérien survenu à Plouër sur Rance au début de la seconde guerre mondiale auront duré 2 ans. Nous tenons à remercier pour leur témoignage et leur aimable accueil. Madame Bacle, Madame Besret, Madame Jegu, Monsieur Campion, Madame Fontaine, Mme Godet. Merci également à Madame Marie Cécile Zipperling du Wast Deutsche Dienstelle à Berlin, Allemagne. Merci également à Rob du service météorologique de l'île de Guernesey qui nous a informé sur la météo de ce 3 août 1940 pour notre région. Le site du crash a disparu en 1987 lors du creusement de la 4 voies Dinan-Dol. La
Sturzkampfgeschwader 3 (St.G.3) (3ème
escadron de bombardement en piqué) est
une unité de bombardements en piqué
de la Luftwaffe. Le Stab./St.G.3 est formé
le
9 juillet 1940 à Dinard à
partir du Stab/KG28. Le Stab./St.G.3 est
commandé par l'Oberstleutnant Karl
Angerstein qui commandait depuis sa création
à Jesau en septembre 1939 le Kampfgeschwader
28, et cela jusqu'au 16 juillet 1940. Le St.G.3
était équipé de Junkers Ju-87
"Stuka" et de Dornier 17 M-1, il était
rattaché à la Luftflotte 3 du IV.
Fliegerkorps (Generalleutnant Kurt Pflugbeil),
à Dinard. Pour l'organisation de la Bataille
d'Angleterre au 13 août 1940.
Photo : Vom Original zum Modell - Dornier
Do170-Karl-Heinz Regnat - Bernhard & Graefe
Le Dornier 17 M-1 est venu en remplacement du
Do 17 E durant l'année 1937/1938. Il a
été marqué par un certain
nombre de changements avec l'augmentation de ses
performances. Il utilisait deux moteurs Bramo
323-A-1, de 900 ch de puissance au
décollage. Pour une vitesse de 365 kmh avec
une charge de 1000 kg au décollage, avec un
plafond pratique de 6700 m. Equipé avec le
modèle de radio FuG III, Peil GV, EV, Fu
BI.I de chez Siemens.
Avec une capacité en chargement de
bombe de 1000 kg. L'armement défensif se
composait d'une MG 15 dans le B-et C-Stand (B-Stand
- une position supérieure arrière de
tir, C-Stand - mise en place inférieure de
la mitrailleuse). Trois reniflards et 15 bouteilles
d'air pour la fourniture en oxygène. (Pour
les trois hommes d'équipage). Le Dornier 17
M-1 fut fabriqué par l'usine Dornier
à Munich. 200 exemplaires furent
fabriqués.
La MG 15 : la conception de la MG 15 pour
l'aviation a été
développée par la firme Rheinmetall
à Borsig comme mitrailleuse montée
pour la défense des avions bombardiers. Elle
est devenue la mitrailleuse standard
équipant la plupart des avions de combat
Allemand au début de le Seconde guerre
mondiale. La MG-15 était refroidie à
l'air, et alimentée par un magasin double
tambour "Doppeltrommel" contenant 75 séries
des munitions standard de la mitrailleuse, le
7.92mm Mauser.
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