Informations biographiques communiquées par monsieur John Corbet Milward, madame Kristin Corbet Milward, monsieur Jorgen Von Tangen. Neveux et nièce du Sous Lieutenant Jan Gert Von Tangen.
Mon père Roger Corbet Milward était pilote dans le Fleet Air Arm-Royal Navy pendant la seconde guerre Mondiale. Il avait combattu sur plusieurs terrains d'opérations. Il prolongea son service pendant quelques années après cette guerre. Il était diplômé de l'école de pilotage la plus reconnue de l'empire britannique et il était familier des critères de performances sur différents types d'appareils à hélice et après guerre, des avions de chasse à réactions. De la correspondance familiale, je sais que Jan Gert fut nommé sous officier lors de sa formation au Canada et qu'il y sera nommé aussi pilote de chasse, ayant satisfait aux épreuves.
A son arrivée en Angleterre en 1943, au retour du Canada, il rejoignit un escadron de la Royal Air Force basé prés de Londres. Jan Gert fut tué lors de sa première mission opérationnelle en territoire occupé le 31 octobre 1943, une mission de reconnaissance photographique cherchant à réaliser des clichés d'ouvrages importants, ceci en préparation de l'invasion maritime l'année suivante. Il faut noter que son chef de mission signala n'avoir pas rencontré de tirs d'artillerie anti-aérienne.
La théorie soutenue par mon père, mais n'ayant pas de preuve, fut qu'en tant que pilote Jan Gert n'était pas relativement expérimenté, d'autant plus qu'il volait sur un aéronef à hautes performances. Il disait que peut être, trop occupé à prendre les photos et volant trop prés du sol, il aurait pu perdre le contrôle de son avion. Ce que je sais c'est que mon père n'a pas cherché à en savoir plus. Il ne voulait pas contrarier ma mère et ma grand mère, toutes deux très affectées par sa disparition. En 1946 la mère de Jan Gert fit le voyage en France pour récupérer le corps de son fils et l'inhumer dans le caveau familial au cimetière d'Oslo.
Je dois ajouter que mon grand père disparu à un âge relativement précoce au cours de la première partie de la guerre. Mon autre oncle, père de mon cousin Jorgen, après avoir été incarcéré et condamné à mort par l'occupant, sauva sa vie de justesse. Ma mère arrêtée par la Gestapo, réussi à s'enfuir en Suède puis au Royaume Uni. En d'autres termes, les membres de ma famille, à la fin de la guerre avaient hâte d'enterrer tout ce passé difficile plutôt que de chercher à trouver des réponses.
Pourquoi Jan Gert avait il perdu la vie au cours de ce vol ? Le témoignage de Madame Buard nous sera très précieux. Jan Gert était né en 1917. Il était le plus jeune enfant de Georges et de Petra Von Tangen. Georges, notre grand père avait été élevé à Paris où son père Norvégien expatrié était dans les affaires. Il fut reçu au baccalauréat français, puis fit des études de droit à l'université d'Oslo, après quoi, il rejoint l'Office Suédois des affaires étrangères. A cette époque la Norvège et la Suède étaient unies. L'indépendance des deux pays fut proclamée en 1905. Georges fut ensuite affecté au gouvernement Norvégien où il joua un rôle important dans la création du nouveau service des Affaires étrangères. Pendant la première Guerre Mondiale, il fut un dirigeant clé du gouvernement chargé du Lend Lease de la flotte Norvégienne au Royaume Uni. Il était capable de conduire des négociations en Français et en Anglais.
Mon grand père a fini sa carrière comme secrétaire de cabinet, un travail qui constituait à être secrétaire particulier du roi mais aussi secrétaire du gouvernement. Jan Gert était né dans une maison riche. Il a passé le début de sa vie à Bygdoy, un quartier résidentiel chic en banlieue d'Oslo, non loin du centre ville, avant de passer à une maison familiale beaucoup plus importante à Trostrudvieen vers 1925. Jan Gert termina ses études universitaires en 1936. Il opta pour une carrière dans le commerce et passa quelques temps à Londres puis ensuite à Oslo où il acquis la réputation d'un gars un peu casse cou et avec un très bon il pour les jolies filles. Lui et sa sur Erna étaient très liés. Ils ont passé ensembles des vacances très heureuses avec des amis d'école à Nedre Nes une grande ferme non loin d'Oslo appartenant à la famille Hvinden. Nils Hvinden, l'aîné était un grand ami de Jan Gert. Arndt le second garçon, était pilote dans la RAF et participa à la Bataille d'Angleterre. Il fut abattu une fois mais réussi à s'en sortir. Le plus jeune Lasse Hvinden fut le courrier d'Erna dans la résistance Norvégienne.
Jan Gert avait grandi dans un environnement international et libéral. Il y avait beaucoup de va et vient, à la fois chez ses parents à Oslo mais aussi dans sa famille et chez ses amis. La politique et l'économie étaient au cur des nombreuses conversations, surtout pendant les bouleversements de l'entre deux guerres. Quand la Russie envahit la Finlande en 1939, Jan Gert répondit à l'appel du Général Mannerheim. Peu de temps après, il fût remercié par l'état Finlandais pour sa contribution. Les hostilités cessèrent en 1940. Le jour même de son retour à Oslo, l'Allemagne envahissait la Norvège. Il réintégra son régiment, participant à quelques escarmouches au nord d'Oslo pour aider à ralentir la progression des troupes allemandes en attendant l'évasion de la famille Royale Norvégienne et du gouvernement qui fuyaient le pays et se dirigeaient vers la Grande Bretagne à bord du HMS Dorsetshire emmenant avec eux la réserve d'or de la banque centrale. Jan Gert s'évada sur un bateau de pêche à travers la mer du nord vers le Royaume Uni en 1941. Il rejoignit rapidement Muskoka près de Toronto au Canada qui était le point de rencontre de milliers de jeunes Norvégiens voulant servir dans la Force Aérienne Norvégienne au sein de la RAF. Certains se destinaient à devenir pilotes, d'autres mécaniciens aviation. Le groupe était dirigé par le très charismatique officier Ole Reistad. Reistad reconnu l'expérience de Jan Gert acquise en Finlande. Il reconnu ses qualités d'orateur. Peu de temps après, il fut confirmé volant et fut nommé pilote. Il avait obtenu ''ses ailes''. (brevet) en 1942. Toujours en 1942, Jan Gert fut envoyé rejoindre la diaspora Norvégienne résidant dans le Midwest Minnesota aux USA où il prononça un discours très remarqué, discours pragmatique incitant à récupérer des fonds pour sauver le pays. Dans sa démarche, il fut aidé par Reidstad, mais aussi par un membre de sa famille Georg Vetlesen à qui il aurait donné des instructions pour l'effort de guerre Norvégien. Erna, la sur de Jan Gert indiqua que Reistad fut tellement impressionné par ses qualités personnelles et pratiques qu'il aurait probablement pu être inclus dans la commission de reconstruction de la Norvège après la fin de la guerre. Hélas le Dimanche 31 octobre 1943 Jan Gert connu un destin tragique.