Plouër-sur-Rance "La Guenerais"
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Plouër-sur-Rance. Lundi 4 mai 1942. Chute d'un bombardier Allemand Junkers Ju 88 D1. Werknummer 1154. Nord du village de "La Guenerais".
Peu avant minuit, ce 4 mai 1942, le squadron leader James Archibald Findlay MacLachlan (âgé de 23 ans. Il né le 1er avril à Styal comté de Chester (en 1919), il décolle de la base aérienne de la Royal Air Force Station de Tangmere située dans le comté du West Sussex à bord de son chasseur Hawker Hurricane Mk.IIc, immatriculé BD983 - JX-Q. Il est le commandant du No. 1 Squadron RAF depuis le 3 mars 1941. Ce commandement lui à été attribué suite à un accident au cours duquel, en combat aérien au dessus de l'ile de Malte ou il était affecté, il fut abattu par un Messerschmitt Bf 109. Sauvé de justesse, il dû être amputé de son bras gauche. Doué d'un courage et d'une volonté exceptionnel, 15 jours après cette opération, il prenait les commandes d'un monomoteur Miles Magister. Considéré comme "bon pour le service" c'est à ce moment qu'il prit la responsabilité du No. 1 Squadron.
Ce 4 mai 1942, le Squadron Leader MacLachlan part en mission dincursion et de chasse nocturne dans le ciel du nord de la Bretagne à bord de son Hurricane, (les commandes ont été aménagées par rapport à son handicap), plus précisément la région de Rennes, Dinard et Saint Malo à la recherche de bombardiers et chasseurs allemands rentrants de missions de bombardement de villes Anglaises, cibles de raids nocturnes ennemis particulièrement intenses depuis plusieurs mois et très destructeurs, causant la mort de plusieurs centaines de personnes. En ce milieu de nuit, plusieurs bombardiers allemands sont venus larguer leurs projectiles sur la ville d'Exeter.
Le Squadron Leader MacLachlan et le Flight Lieutenant Karel Kuttelwascher
La ville anglaise est gravement touchée et plusieurs incendies font rage. Le Squadron Leader Maclachlan est secondé par son fidèle coéquipier et ami le Flight Lieutenant Karel Kuttelwascher pilote Tchèque ayant plusieurs victoires aériennes à son actif. Cinq Hurricane sont en vol, formant le groupe d'attaque de cette mission. Trois autres pilotes se sont joints à eux. La météorologie est favorable avec une nuit de pleine lune et un ciel bien dégagé, sans nuages. Après une traversée de la Manche sans problèmes, survolant le territoire breton, le leader ordonne une dispersion à l'approche du terrain d'aviation de Rennes Saint Jacques occupé par la Luftwaffe depuis juillet 1940. Il conseille à ses hommes la plus grande vigilance car l'artillerie anti aérienne allemande est particulièrement efficace. Il ne se passe rien dans le ciel Rennais à cette heure là. Aucun appareil ennemi n'est aperçu. Le S/L Maclachlan explique par radio à ses hommes que c'est d'ici que décollent très souvent les ''Huns'' pour leurs raids nocturnes, faisant allusion au peuple barbare qui envahit une partie de l'Europe centrale au VI ème siècle. La formation rebrousse chemin reprenant la direction du nord doù elle était venue, tout en gagnant de l'altitude. Le terrain d'aviation de Dinard Pleurtuit est en vue, éclairé par le clair de lune. En approche, les 5 chasseurs britanniques de la Royal Air Force progressent à 6500 pieds soit environ 2000 mètres d'altitude. Soudain le leader repère 3 bombardiers en phase datterrissage dont un, une masse noire, feux éteints, train datterrissage sorti, se dirigeant lentement venant du nord, vers la piste de l'aérodrome à une altitude de 2000 pieds. La réaction ne se fait pas attendre, il fond à 300 kilomètres heures sur sa proie. Bien placé en arrière, le S/L Maclachlan cadre la cible dans son viseur et appuie sur la détente. Une salve de quelques brèves secondes sera suffisante pour mettre le feu à un moteur. Les gerbes détincelles jaillissent tout autour avant que ce dernier ne se détache de son socle et tombe au sol. J'ai alors dégagé dit il et j'ai vu l'appareil tomber sur le sol puis prendre entièrement feu. On peut penser que ce Junkers Ju 88 s'était écrasé sur le terrain d'aviation ou tout du moins, aux abords proches. En faisant aussitôt un virage serré et reprenant de l'altitude, je me suis trouvé face à un autre bombardier qui venait vers moi. J'ai réagi immédiatement actionnant mes quatre canons de 20 millimètres, lui envoyant une salve de projectiles qui là aussi mirent le feu à son moteur gauche. Gerbes d'étincelles, morceaux de tôles et autres sont projetés en l'air, ce qui confirmait bien que lui aussi avait son compte. Je lui ai malgré tout envoyé une seconde rafale plus longue en m'approchant de lui tandis qu'il partait en léger piqué. Son moteur droit fut touché et prit feu. J'ai conservé une distance d'une centaine de mètres en observant le vol plané du Junkers. De grandes flammes jaillissaient à larrière. L'avion en feu vint heurter une haie d'arbres. L'incendie me permettait de voir ce qui se passait autour. Le bombardier s'écrasa violemment sur le sol en se disloquant. Il y avait le feu partout, tout autour. Les arbres et buissons étaient en flammes. Je n'avais plus rien d'autre à faire ici sinon de rejoindre mes coéquipiers qui eux avaient assisté à la scène. Le troisième "Hun" s'enfuit et ne fut pas retrouvé. Avant de repartir, jeus juste le temps, plus au sud de toucher une locomotive qui tractait des wagons de marchandises. Le palmarès des dernier jours de notre escadron était éloquent, 17 locomotives détruites, 8 avions ennemis avec certitude et quelques-uns plus que probablement détruits. Les 2 bombardiers Junkers Ju 88 de la Luftwaffe abattus par le Squadron Leader Mac Lachlan en cette nuit du 4 au 5 mai 1942 appartenaient au Kustenfliegergruppe 506 qui était basé sur l'aérodrome de Leeuwarden aux Pays Bas mais qui furent détachés sur Dinard pour des missions de bombardement sur l'Angleterre à cette époque. Le premier bombardier WNr. 1528 tombé sur Dinard était piloté par le Feldwebel Robert Bögel, l'observateur était le Leutnant Roman Wallner et l'Obergefreiter Johan Biebull. Tous 3 périrent dans le crash. Seul le mitrailleur eut le temps de sauter en parachute.
Le second appareil Junkers 88 Ju D1 WNr. 1154 vint sécraser en flamme au nord du village de "la Guénerais" en Plouer sur Rance dans les Côtes du Nord à l'époque. Il était piloté par l'Unteroffizier Joseph Palmer, l'unteroffizier Richard Staub était le mitrailleur. Le leutnant-zur-See Ernest Tramp était l'observateur. Tous les 3 furent tués dans le crash. Ils reposent au cimetière Allemand de Marigny dans la Manche. Un quatrième homme de cet équipage l'unteroffizier Karl Schorn âgé de 23 ans eut le temps de sauter en parachute mais fut blessé sérieusement en touchant le sol, Karl Schorn était opérateur radio. Il fut hospitalisé à Rennes.
Le Squadron Leader MacLachlan dans le cockpit de son Hurricane II C à Tangemere le 20 novenbre 1941
Maclachlan en visite aux USA en 1943
Témoignages recueillis en 2012
Madame BACLE. Je ne peux dire à quel moment nous avons vécu cet accident de l'avion allemand, il me semble que c'était vers le milieu de la guerre 1942 ?, 1943 ?. Un grand bruit dans la nuit nous réveilla en sursaut. Ma mère et moi avions ouvert rapidement nos volets. Un incendie important faisait rage au nord du village, en direction de notre verger. Nous avions très peur que ces grandes flammes atteignent notre hameau. On ne savait pas ce qui s'était passé. On sentait la chaleur et l'odeur de brûlé. Nous en étions distants d'environ 150 à 200 mètres. Les arbres et les buissons brûlaient en crépitant. Nous étions terrifiées. Nous nous sommes préparées à quitter la maison. Tôt le lendemain matin un oncle qui habitait le village de "la Lannois" en contrebas de la Rance, frappa à notre porte. Il dit à ma mère ''ah il est beau ton champ de blé. Un avion est tombé dedans cette nuit ''un grand nombre d'Allemands investirent le village dès le lever du jour et également les jours suivants. Ils interdisaient laccès aux curieux venus de notre commune et des alentours. Les lueurs de l'incendie étaient visible de très loin nous avait on dit par la suite. Un aviateur gravement blessé fut amené sous la grange de nos proches voisins le lendemain en milieu de matinée. Il fut placé sur une porte en guise de civière. Il souffrait terriblement. Dans les jours qui suivirent, les allemands organisèrent la récupération du maximum des débris de la carcasse, des moteurs et de multiples pièces métalliques. Le travail fut minutieux, méthodique. Les ailes furent placées sur la remorque d'un camion. Un allemand qui parlait français avait dit que le plus jeune des aviateurs était un élève en formation.
Madame Besret. J'avais 9 ans et je me souviens très bien de cette histoire arrivée en milieu de guerre je crois. Nous étions ma mère et moi partie le matin même à pied pour voir ce qui s'était passé près de la ''Maltournée''. Un avion allemand y était tombé selon les rumeurs. D'autres personnes nous suivaient. L'avion était tombé en cours de nuit. Des gens disaient qu'il se rendait à Saint Denis. D'autres disaient avoir vu des avions le poursuivre. Il y avait beaucoup de monde sur la route de Port Saint Jean. Des soldats allemands tiraient des coups de feu en l'air pour éloigner ceux qui voulaient approcher trop prêt. De loin ont vu ce gros avion brûlé, tout disloqué dans un verger. Certains disaient que c'était un bombardier. On appris par la suite que les allemands avaient tout récupéré les restes de l'épave. Pour eux c'était une triste histoire qu'ils voulaient sans doute cacher. Cette histoire on en parla beaucoup par la suite dans la contrée.
Madame Jégu. Il me semble que cet accident d'avion eut lieu en début de guerre. J'étais très jeune mais je m'en souviens un peu et j'en ai entendu parler souvent par la suite. Nous avions tous été réveillés brutalement en cours de nuit par un bruit terrible. Le ciel derrière chez nous était en feu. Nos parents craignaient l'incendie de notre maison et de nos bâtiments attenants. J'ai la vision de cet aviateur gravement blessé retrouvé accroché dans un cerisier et que l'on amena dans notre grange derrière chez nous. Mon père proposa aux allemands une porte où il fut allongé en guise de civière. Une voiture allemande arriva rapidement sur les lieux pour emmener ce blessé.
Monsieur Campion. Je me souviens bien de cet avion allemand qui était tombé sur Plouer sur Rance en cours de guerre. Je n'étais pas allé sur les lieux car les sentinelles allemandes nous en interdisait l'approche. J'en ai parlé plusieurs fois avec mon médecin le docteur Langlais qui dut secourir un des aviateurs blessé que l'on avait conduit à son domicile à Port Saint Hubert. Ce blessé fut retrouvé dans un cerisier en cours de matinée, sans doute éjecté dans le choc. Le docteur Langlais parlait allemand, c'est sans doute pour cela que l'occupant choisi de le lui l'adresser, n'ayant pas le temps d'attendre un médecin militaire Allemand.
Madame Fontaine. J'avais 18 ans. Mon père était décédé en 1938. Je vivais avec ma mère. Nous exploitions une petite ferme au village de ''Lannois''. Je me rappelle bien de cet accident. Nous étions couchées ayant travaillé tard dans la soirée. Nous avons entendu le bruit anormal d'un avion qui passait au - dessus de chez nous. Nous nous sommes levées immédiatement et avons ouvert aussitôt nos volets et là nous avons vu l'avion en feu qui tombait en direction de "la Guénerais" en Plouer sur Rance. Étant dans un creux, il disparut de notre vue quand soudain il y eut une terrible explosion. Le ciel devint tout rouge. Il s'était écrasé. Nous avions peur que se soit sur le village ou nous avions des connaissances. Le lendemain matin des voisins nous apprirent ce qui s'était passé. Un aviateur fut retrouvé dans un arbre.
Remerciements à ces personnes pour leur témoignage, à Daniel Dahiot, Frédéric Hénoff et Jimmy Tual pour leur contribution à réaliser cette biographie. Source : One armed Mac. The story of Squadron Leader James MacLachlan by Brian Cull and Rolland Symons. Remerciements à Monsieur Brian Cull pour un extrait de son livre ''One -Armed mac',' pages 145/146 remis à Frédéric Hénoff Membre ABSA 39-45.
Merci à Monsieur Martin Goodman pour l'envoi à Frédéric de la photo en uniforme su SL MacLachlan et du F/l Kuttelwascher. Le Squadron Leader James Archibald Findley Maclachlan en mission sur la Normandie à bord d'un Mustang P-51, le 18 juillet 1943 fut touché par des obus anti aériens allemands ce qui entraîna larrêt de son moteur. Le pilote n'ayant pas eut le temps de sauter en parachute vint s'écraser dans un champ près du village de la Croix Gorey en Saint Étienne La Thillaye. Calvados. Grièvement blessé, les Allemands le dirigèrent vers l'hôpital de Pont Lévéque où il mourut le 31 juillet 1943 à l'âge de 24 ans. Il était titulaire de la Distinguished Flying Cross (DFC) avec 2 barrettes et de la Croix de Guerre Tchécoslovaque. Il repose dans le carré militaire du cimetière de Pont Lévéque.
Grave 4. PONT L'EVEQUE (ROUTE DE CAEN) COMMUNAL CEMETERY
Jean Michel MARTIN ABSA 39-45. Septembre 2016