Ces 2 personnes sont maintenant décédées.

1) TÉMOIGNAGE de Gabrielle THOBY,QUEBITRE qui avait 33 ans en 1943:

Le 1^er Mai 1943, UN AVION DE CHASSE ALLEMAND était abattu vers midi.Je me souviens de cette date car j'avais du muguet dans la main qui fleurit au début de ce mois.

L'aviateur Allemand réussit à sauter en parachute et je l'ai vu tomber dans le marais à côté de QUÉBITRE, La Boulaie exactement. L'avion poursuivit son chemin à environ 1 kilomètre au nord de LA CHAPELLE DES MARAIS et s'écrasa à TRÉLAN.

Deux hommes qui se trouvaient tout près d'où cet aviateur tomba, Philippe BELLIOT (décédé) et Marcel BERTHO, le ramenèrent à QUÉBITRE dans la maison en face de chez moi. L'aviateur Allemand était blessé à une jambe mais bien vivant.

Gabrielle THOBY

2) TÉMOIGNAGE du Samedi 1er Mai 1943 de Marcel BERTHO (La Baule) :

Ce 1^er Mai 43 en fin de matinée un nouveau raid a lieu sur St Nazaire. Nous regardions au loin dans le ciel la multitude de flocons de fumée des obus de la D.C.A. Allemande.

Alors que l'attaque semble se terminer, un avion de chasse, passe à faible altitude presque au-dessus du village, venant d'une direction Sud et semblant se diriger vers le Nord, nous l'avons déjà quitté du regard que soudain une personne s'écrie : "Regardez un parachutiste !". Nous étions quelques personnes en spectateurs dont mon cousin Philippe BELLIOT. Nous suivons des yeux la descente de notre homme et nous localisons l'endroit, en bordure de marais derrière des buissons de ronces, à environ cinq cents mètres du village. Lorsque nous l'apercevons il marche dans l'eau à mi-cuisses en traînant son parachute. C’était un Allemand.

Nous saurons plus tard que son avion est tombé à Trélan près de La Chapelle Des Marais.

Le village de Québitre est une petite île desservie par une seule route en cul de sac entourée de marais où le niveau de l'eau est maintenu au maximum du fait de la non ouverture des écluses sur le Brivet à Méan Penhouet près de St Nazaire. Nous le ramenons vers le village en le soutenant, un de chaque côté, il se laisse faire.

Le lendemain nous nous sommes rendus à La Chapelle Des Marais à la Kommandantur. L'officier présent nous dit railleur :"Vous venez chercher votre récompense ?" et il nous remet un "Ausweiss" nous expliquant que c'est pour pouvoir nous présenter à Meucon. Dans le texte en Allemand je crois me souvenir que le nom du pilote était orthographié comme suit quelque chose comme: off. RoBner (officier RoBner).

Nous arrivons au terrain d'aviation : barrière genre passage à niveau, poste de garde, nous présentons notre "AUSWEISS". On nous fait entrer au poste de garde. Un soldat prend le téléphone et nous fait signe d'attendre. Un très long moment s'écoule, je trouve le temps long long. Enfin un planton arrive et nous fais signe de le suivre. Nous arrivons au commandement de l'escadrille, je crois me souvenir que sur la porte de la pièce dans laquelle on nous a introduit était indiqué "C PHILIPPE". Un jeune officier était assis à son bureau. Il nous a remerçié pour le "sauvetage" de son pilote. Il nous a demandé de lui expliquer notre requête, ce que nous avons fait, la libération de notre parent prisonnier en Allemagne. Il s'est alors installé au téléphone et a eu une très longue conversation avec un interlocuteur inconnu, ponctuée d'un nombre impressionnant de "JAWOLH"(oui!, parfaitement!).

Dans l'intervalle, une personne a frappé à la porte, c'était notre pilote ; sa bosse à l'oeil avait diminué, il nous a salué et entre son chef et lui s’est engagé une conversation dont j'ignore le contenu. Je n'étais pas très fier, allait-il contester notre version des faits ?

Après les renseignements sur l'identé de notre prisonnier, numéro de Stalag ,etc... on nous a donné congé. Le pilote est venu nous reconduire au poste de garde.

Nous avons pu savoir, par le langage gestuel et les quelques mots que nous connaissions que c'était la première fois qu'il était abattu, que son avion était un Focke Wulf 190, qu'il avait vingt-trois ans et que les B-17 étaient fortement armés.

Nous avons quitté notre pilote au poste de garde . Il nous a serré la main, dit merçi et nous avons repris nos vélos.