Northrop P-61 « Black Widow
»
Le seul chasseur allié spécialement
conçu pour la chasse de nuit, qui entra en service
pendant la guerre, fut le P-61 Black Widow, gros comme un
bombardier moyen, mais docile et manuvrable. Premier
chasseur de nuit entré en service dans lUS Army
Air Force, le P-61 Black Widow se caractérisait par
un fuselage bipoutre et une nacelle centrale dotée
dun canon en tourelle, démonté par la
suite en raison des problèmes de vibrations
quil provoqua. Il fut le premier à disposer de
spoilers au lieu dailerons, ce qui lui permettait
davoir de très grands volets et un grand
écart de vitesse pour opérer depuis des
terrains étroits.
Dans les années précédant la
Seconde Guerre mondiale, la Royal Air Force et la Luftwaffe
travaillèrent toutes deux à définir et
mettre au point la mise en uvre des opérations
aériennes nocturnes, un véritable défi
du fait de leur complexité.
En août 1940, 16 mois avant lentrée
en guerre des États-Unis, lofficier
correspondant de lUSAAC à Londres, le
lieutenant-général Delos C. Emmons, fut mis au
courant des recherches britanniques sur le RADAR (RAdio
Detection And Ranging) engagées depuis 1936,
notamment sur lexistence dun nouveau radar
dinterception aéroporté, appareil
autonome qui pouvait être installé dans un
avion et permettait dopérer en vol sans
recourir à des stations au sol.
A partir de septembre 1940, les États-Unis
décidèrent la fabrication davions
équipés de la technologie mise au point par
les Britanniques tandis que de son côté, le
Royaume-Uni déclara son besoin urgent dun
intercepteur rapide à haute altitude apte à
engager les bombardiers de nuit allemands attaquant Londres.
Cet avion devait pouvoir patrouiller toute la nuit au-dessus
de la ville nécessitant de facto une autonomie
minimum de huit heures et évidemment lemport
des premiers radars aéroportés.
Larmement spécifié était
disposé dans de multiples tourelles. Le Boulton Paul
Defiant de la RAF avait démontré sa
capacité à emporter un radar pour la chasse de
nuit mais fut écarté en 1942 et les versions
nocturnes du De Havilland Mosquito, excellentes du point de
vue des performances, devaient être renforcées
du point de vue de leur structure. Ces spécifications
furent diffusées auprès de tous les
concepteurs et avionneurs travaillant pour les britanniques.
Jack Northrop était parmi eux et se rendit compte que
les contraintes de vitesse, altitude, capacité
demport de carburant et darmement de bord
menaient à un grand avion multimoteur.
La commission Emmons développa alors les
spécifications de base et les envoya, vers la fin de
1940, à lAir Technical Service Command à
Wrigth Field. Prenant en compte les deux plus grosses
contraintes la masse élevée du radar
embarqué et la grande autonomie (toutefois standard
pour les chasseurs de lépoque) de huit heures
la commission, dont Jack Northrop était
membre, définit un avion bimoteur, dune taille
en conséquence et recommanda la prise en compte de
ces paramètres par les projets candidats.
Le 5 novembre, Northrop et Pavlecka, patron de la
recherche chez Northrop, rencontrèrent des officiers
de lAir Material Command à Wrigth Field pour
leur présenter leur conception
préliminaire.
Le Douglas XA-26 était le seul concurrent pour
ce chasseur de nuit, ce fut la proposition de Northrop qui
fut sélectionnée : le Black Widow était
né.
À la suite de laccord de lUSAAC,
Northrop commença le travail de conception
détaillée de cet appareil, le premier
conçu spécifiquement pour la chasse de nuit.
Le résultat fut le plus grand et le plus efficace des
chasseurs nocturnes américains de la Seconde Guerre
mondiale.
La première étude de Northrop
présentait un long fuselage-nacelle encadré de
deux fuseaux-moteurs prolongés vers
larrière en poutres destinées à
recevoir les dérives et lempennage horizontal,
sinspirant de fait du P-38 Lightning.
Les moteurs étaient des Pratt & Whitney
R-2800-10 Double Wasp, moteurs en étoile à 18
cylindres donnant 2 000 chevaux (1,5MW) chacun.
Le fuselage abritait un équipage de 3 hommes,
le radar et deux tourelles de quatre mitrailleuses lourdes
Browning M2 de 12,7 mm (calibre 0.50 pouce) munies de canons
« aviation » de 36 pouces. Les tourelles
étaient situées dans le nez et à
larrière du fuselage. Lappareil reposait
sur un train datterrissage tricycle et des volets
hypersustentateurs rétractables sur toute
lenvergure, volets appelés « volets Zap
» du nom de lingénieur Edward Zap
travaillant chez Northrop. Lavion était gros,
comme Northrop lavait prévu. Bien plus gros et
plus lourd que les bombardiers bi, tri, quadrimoteurs voire
plus, en production à lépoque.
Une longueur de près de 14 mètres (45
pieds et 6 pouces), une envergure supérieure à
20 mètres (66 pieds) et une masse maximale en charge
projetée de lordre de 10 tonnes (22 600 livres)
étaient des caractéristiques sans
précèdent pour un chasseur, inacceptables
voire complètement délirantes pour la
majorité des spécialistes de
lépoque.
La proposition 8A de Northrop (NS-8A) fut formellement
présentée à lAir Army Material
Command de Wright Field le 5 décembre 1940. Quelques
ajustements plus tard, cette proposition rencontra
lassentiment de lUSAAC et Northrop reçut
une commande le 17 décembre ; un contrat pour deux
prototypes et deux maquettes de soufflerie, pour un montant
de 1 367 000 dollars maximum, suivit le 10 janvier 1941. Par
décision du DoD (Département de la
Défense), la proposition NS-8A devint le projet
XP-61.
Il emportait un équipage de trois hommes :
pilote, mitrailleur et opérateur radar. Il
était armé de quatre canons Hispano M2 de 20
mm, deux dans chaque aile et de quatre mitrailleuses
Browning M2 de 12,7 mm disposées horizontalement (les
deux centrales légèrement
surélevées) dans une tourelle dorsale
télécommandée. La tourelle était
pilotée par un calculateur de tir à gyroscope
General Electric GE2CFR12A3 et pouvait être
commandée par le mitrailleur ou par
lopérateur radar, chacun disposant des
commandes de tir et dun collimateur gyroscopique sur
leurs sièges pivotants.
Les deux moteurs en étoile Pratt & Whitney
R-2800-25S Double Wasp, montés chacun
approximativement au sixième de lenvergure,
étaient suralimentés par des compresseurs
mécaniques double-étage à deux
vitesses. Les logements de train datterrissage du
train principal étaient situés sous les
nacelles, juste derrière les moteurs. Le train
principal se déployait vers lavant et se
repliait vers larrière, les compas de guidage
étant dirigés vers lavant. Chaque roue
était tournée vers lintérieur de
la jambe du train datterrissage. Les portes de chaque
train principal étaient en deux pièces de
tailles égales, avec un joint de fermeture
longitudinal, et articulées sur les bords
extérieurs des logements du train.
Chaque capot-moteur et nacelle se prolonge vers
larrière en une poutre qui se termine en une
large dérive et une gouverne de direction en forme de
triangle rectangle, le bord dattaque de la
dérive présente un angle de 37 degrés
par rapport à la verticale. Lempennage
horizontal est disposé entre les deux dérives
et présente une corde, gouverne de profondeur
comprise, approximativement égale aux trois-quarts de
la corde de laile mesurée à
lemplanture. La gouverne de profondeur
représente un tiers environ de la largeur de
lensemble plan fixe-gouverne, vue du dessus, la
gouverne de profondeur présente une forme
rectangulaire. Le stabilisateur horizontal et la gouverne de
profondeur sont assemblés de façon à
être très aérodynamiques.
Les nacelles moteurs sont situées aux
extrémités du caisson central de voilure,
lequel présente un dièdre positif de 4
degrés et est prolongé par le reste de
laile qui présente un dièdre de 2
degrés. Le bord dattaque de laile est
droit et perpendiculaire à laxe de
lavion. Le bord de fuite est droit et parallèle
au bord dattaque par rapport au caisson central puis
présente une flèche de 15 degrés
après la nacelle. Les prises dair
dalimentation des moteurs se situent sur les bords
dattaque à quelques dizaines de
centimètres de part et dautre des nacelles
moteurs. La forme de ces prises dair est similaire
à celle du F4U Corsair (rectangulaires avec les
extrémités semi-circulaires) avec, à
lintérieur, de multiples aubages pour canaliser
le flux dair.
En plus des « Zap flaps », volets
rétractables sur toute lenvergure, le
contrôle de lavion en roulis était
confié à des destructeurs de portance
dapproximativement 3 mètres (10 pieds) de long
et de 15 cm (6 pouces) de large chacun couplés
à 2 petits ailerons placés à
lextrémité du bord de fuite en bout
daile. Ils sont situés à
lextérieur de chacun des fuseaux-moteurs. Leur
fonctionnement est le suivant : le destructeur de portance
ou spoileron situé dans laile se tourne vers la
surface supérieure de laile, ce qui modifie le
flux dair et diminue la portance par réduction
locale de la vitesse découlement.
Le fuselage principal, centré sur laxe de
symétrie de lavion, de la pointe du nez
à la pointe du cône terminal, présente
une longueur denviron 5/6 de la longueur dune
aile (de lemplanture au bord marginal). Le nez abrite
un radar General Electric SCR-720A, version
améliorée du radar Signal Corps SCR-268. Juste
derrière le radar se trouve le compartiment avant de
léquipage : le pilote et le mitrailleur,
surélevé denviron 15 cm (6 pouces) par
rapport au pilote. La verrière, de type « serre
de jardinier », à multiples montants, comprenait
deux niveaux marqués ; un pour le pilote et
lautre pour le mitrailleur décalé en
hauteur et vers larrière. Avec la surface
supérieure du nez, à peu près plate,
cette verrière à deux échelons donnait
à lavant du fuselage un profil à trois
marches peu élevées. Sur le XP-61, la
verrière avant comprenait des parties en Plexiglas
thermoformé devant le pilote et le mitrailleur, et
des parties à montants pour le dessus et les
côtés du cockpit.
Sous le compartiment avant de
léquipage se trouve le train
datterrissage avant, cétait aussi
laccès à lavion pour le pilote et
le mitrailleur.
La jambe de latterrisseur avant se
rétractait vers larrière, contre un
panneau spécialement formé qui, pendant le
vol, fermait le plancher du cockpit ; latterrisseur
navait pas la place de se rétracter si ce
panneau nétait pas fermé. Le compas de
guidage était tourné vers lavant. La
roulette avant était centrée avec la
contrefiche sur la gauche. La roulette avant était
dun diamètre approximativement égal aux
2/3 du diamètre des roues principales. Il y avait
deux portes pour le train avant, symétriques, le
joint de fermeture longitudinal, les portes
articulées sur les bords extérieurs du
logement de train.
La partie centrale du fuselage abritait, entre autres,
le longeron principal de la voilure, les réservoirs
de carburant, les systèmes dalimentation et
leurs systèmes de contrôle ainsi que les
câbles des commandes de vol, les commandes des moteurs
et du pas des hélices, la radio et lIFF mais
surtout le bâti de la tourelle dorsale ainsi que ses
systèmes de commande en rotation et en
élévation ; les magasins de munitions pour les
quatre mitrailleuses lourdes Browning M2 de 12,7 mm (0,50
pouce) de calibre, le calculateur de commande gyroscopique
de tir GE2CFR12A3, ainsi que les liaisons vers les consoles
de tir du mitrailleur et de lopérateur radar,
respectivement vers lavant et vers
larrière.
À larrière du fuselage se trouvait
le poste de lopérateur radar, on y
accédait par une petite trappe munie dune
échelle, située sous lappareil. Les
commandes et les écrans de visualisation du radar
SCR-720 étaient situés dans le compartiment
arrière, isolé du reste de lavion.
Des systèmes de radio, dintercom et de
commandes et de contrôles de la tourelle
télécommandée y prenaient place
également. La verrière du compartiment
arrière suivait la ligne générale de la
verrière avant, à part quelle ne
comprenait quun seul échelon arrondi.
Larrière du fuselage était
constitué dune verrière effilée
en plexiglas. Se raccordant au fuselage de section
rectangulaire, ce cône terminal présentait une
section un peu plus importante vue de côté que
vue de dessus, ce qui donnait, vu en perspective,
limpression dune « lame »
arrondie.
La section transversale du fuselage était
rectangulaire, orientée verticalement, sur sa plus
grande partie. La pointe du nez, très ronde, se
raccordait rapidement sur la section rectangulaire du
fuselage ; puis la section transversale du fuselage
sarrondissait franchement sous le logement du train et
le poste de pilotage. La hauteur augmentait à chaque
échelon de la verrière avant, le second
échelon étant au niveau du dessus du fuselage
(sans compter la tourelle). À larrière
du compartiment avant de léquipage, la section
transversale augmente fortement vers le bas
jusquà un point, situé entre
larrière du compartiment avant et lavant
du compartiment arrière, à partir duquel la
forme arrondie sous le fuselage commence à
diminuer.
La section transversale des fuseaux-moteurs
était principalement circulaire, sagrandissant
et diminuant depuis les capots, les ailes et les logements
de train jusquaux poutres arrières et les
dérives. Un renflement sur le dessus des ailes
maintenait une section transversale circulaire aux
intersections ailes-nacelles. La section transversale
prenait alors une forme légèrement en uf
au droit des logements de train, plus large en bas mais
toujours arrondie. Un renflement oblong sur les portes du
train principal permettait de loger la roue principale quand
le train était rentré.
Les bords marginaux, les raccords ailes-nacelles, les
bords des stabilisateurs et des gouvernes (sauf
lempennage horizontal et la gouverne de profondeur)
étaient très bien arrondis et profilés,
proprement raccordés. Lavion ne
présentait que très peu dangles ou de
bords anguleux ; aérodynamiquement parlant, le dessin
de cet avion était très net, ses lignes
fluides.
Développement du
XP-61
LAir Corps se rendit chez Northrop le 2 avril
1941 pour inspecter la maquette daménagement du
XP-61 ; plusieurs modifications furent demandées
à lissue de linspection. La plus
importante fut le changement de position des 4 canons
Hispano de 20 mm depuis les portions extérieures des
ailes (au-delà des nacelles moteurs) vers le ventre
du fuselage central où ils furent regroupés
juste derrière le logement de train avant. Avec les
canons assez proches les uns des autres, centrés par
rapport à laxe de lavion,
superposés par paires, les canons supérieurs
légèrement en débord, cette disposition
permet déliminer les problèmes dus
à la convergence des armes.
La convergence des armes est obligatoire pour les
avions avec les armes montées dans les ailes. La
convergence consiste à faire croiser le tir des
différentes armes avec laxe de lavion, en
un ou plusieurs points, à une distance et une
élévation données, afin
déviter la « zone de
sécurité » quon aurait à
lavant de lavion si ces armes tiraient chacune
droit devant. Les projectiles tirés au-delà du
point de convergence se dispersent derrière la cible
et la ratent de loin. Ceux tirés sur un objectif en
deçà, soit passent autour, soit ne touchent
pas la cible de façon suffisamment concentrée
pour infliger un maximum de dégâts. Dans les
deux cas, la portée efficace des canons est
limitée à une zone très étroite
autour dune distance donnée, ce qui
amène des problèmes supplémentaires
pour le calcul de la déflexion lors du tir sur une
cible mobile. Mais sans ce problème de la
convergence, la visée est plus rapide et plus facile
et les canons regroupés créaient un
véritable flux de projectiles de 20 mm. Retirer des
ailes les canons et les munitions permit également
dépurer laérodynamique des
surfaces portantes et daugmenter la capacité
interne en carburant de 2 044 à 2 441 litres (de 540
à 645 gallons).
Dautres modifications furent de prévoir
des points daccrochage sous voilure pour des
réservoirs extérieurs largables, des
pare-flammes sur les échappements, et de revoir la
disposition de quelques équipements de radio. Alors
que toutes ces modifications furent
bénéfiques, spécialement la nouvelle
disposition des canons, elles entraînèrent un
mois de délai supplémentaire, alors que le
XP-61 était déjà en retard sur le
planning. Pendant lété 1941, on
saperçut que la tourelle dorsale prévue
était vraiment très difficile à
installer, la tourelle General Electric à anneau fut
remplacée par un système à embase comme
les tourelles dorsales des B17, B-24, B25, A-20 et autres
bombardiers. À la suite de ces modifications, la
tourelle proprement dite nétait pas disponible,
car les avions opérationnels les B-29 en
loccurrence étaient prioritaires sur les
appareils expérimentaux pour les livraisons de cet
organe très demandé. Pour les essais en vol,
on installa une tourelle factice.
Le radar
SCR-720
Le modèle de production du SCR-720 comportait
un émetteur-récepteur radar dans le nez de
lavion ; dans le mode «interception
aérienne», il avait une portée de 5
milles. Lappareil pouvait également fonctionner
comme balise-radio embarquée, système de
guidage, aide à la navigation ou en collaboration
avec les transpondeurs IFF. Lopérateur radar du
XP-61 localisait les cibles sur son écran, calait son
appareil pour suivre leurs trajectoires puis renseignait,
par lintercom, le pilote avec les corrections de cap
et de trajectoire nécessaires. Une fois la cible
approchée, le pilote utilisait un écran plus
petit, intégré dans le tableau de bord, pour
sapprocher au plus près.
La tourelle rotative du XP-61 pouvait être
manuvrée par nimporte lequel des trois
hommes déquipage ou pouvait être
verrouillée vers lavant pour ajouter sa
puissance de feu à celle des quatre canons de 20 mm.
Lopérateur radar pouvait tourner la tourelle
vers larrière pour engager des cibles se
présentant par larrière de
lappareil. Capable de 360 degrés en rotation et
de 90 degrés en élévation, elle
couvrait toute la demi-sphère au-dessus du XP-61.
Caractéristiques générales du
Northrop P-61 Black Widow
- 2 Moteurs Pratt Whitney R-2800-65 2 X 2000 ch.
- 590 Km/h
- 4 Canons 20 mm 4 mitrailleuses 12.7 mm 2900 kg de
bombes
- 5260 Kg en charge
- 10100 m de plafond pratique
- 4830 km en distance franchissable
- 3 hommes
Camouflage
La série P-61A était dusine
peinte dans le standard US « olive drab » (2/3 de
toute la zone visible du dessus) et « neutral grey
» pour le 1/3 inférieur jusquà la
version A-10, la première à recevoir le
camouflage noir caractéristique visant à
parfaire son « invisibilité » dans ses
missions nocturnes.
Un certain nombre davions
précédents furent repeints sur les terrains.
Une peinture en noir mat fut rapidement jugée
insatisfaisante, sécaillant rapidement et ne
dissimulant pas suffisamment lavion dans les
projecteurs de la défense anti-aérienne
ennemie. Ce nest quà partir de la
série P-61B que fut adoptée la peinture noire
brillante « glossy black », la plus adaptée
par ses reflets pour « fondre » lavion sur
le ciel étoilé.
Avec ce camouflage lisse de peinture noire, le P- 61,
conçu demblée comme un chasseur de nuit
fut un ennemi mortel dans lobscurité pour les
avions japonais tellement son approche était
invisible. Au passage, le nom de « Black Widow »
na rien à voir avec la couleur dominante du
P-61 mais renvoie à laraignée «
Veuve noire » !
Modifications
opérationnelles
Le 425th Night Fighter Squadron déplaça
lopérateur radar de larrière du
fuselage à la place laissée libre par le
retrait du mitrailleur derrière le pilote. Cette
disposition augmentait les chances de contact visuel avec
lennemi. La masse ainsi gagnée augmenta toutes
les performances de lavion.
Plus puissant et plus lourd chasseur de la Seconde
Guerre mondiale, le P-61, étrange avion à
laspect menaçant, était en fait facile
à piloter et étonnamment agile même face
à de petits chasseurs. Plus quun bimoteur
bipoutre puissant par sa taille, le Black Widow était
réellement un avion de chasse au score
impressionnant, déployé essentiellement dans
les escadrons de chasse nocturne (NFS Night Fighter
Squadrons) du Pacifique même sil est
arrivé tardivement en 1944 sur les
théâtres dopérations. En Europe,
il a ainsi surgi à une époque où les
bombardiers de lAxe ne se risquaient finalement plus
guère au-dessus des territoires tenus par les
Alliés. Dans le ciel anglais, le P-61 faisait partie
des rares avions capables de rattraper et détruire
les V-1 allemands !
Les variantes du
P-61
1. XP-61 Les deux premiers
prototypes.
2. YP-61 Les exemplaires de
pré-production : 13 exemplaires.
3. Les P-61 A
A-1 Première version de production,
moteurs R-2800-10, 2000 ch. : 45 exemplaires, les 7 derniers
appareils construits sans la tourelle.
A-5 Pas de tourelle, moteurs R2800-65
produisant 2.250 ch. : 35 exemplaires.
A-10 Système dinjection deau
pour augmenter la durée possible à la
puissance maximale : 100 exemplaires.
A-11 Un point daccrochage sous chaque
aile pour des bombes ou des réservoirs
supplémentaires : 20 exemplaires.
4. Les P-61 B
B-1 Nez allongé de 20,3 cm (8 pouces),
radar de surveillance dans la queue SCR-695 : 62
exemplaires.
B-2 Réinstallation de points
daccrochage comme sur le P-61A-11 : 38
exemplaires.
B-10 Quatre points daccrochage sous
voilure : 46 exemplaires.
B-11 Réinstallation de la tourelle avec
quatre mitrailleuses de 12,7 mm (0.50) : 5 exemplaires.
B-15 Tourelle avec quatre mitrailleuses de 12,7
mm (0.50) : 153 exemplaires.
B-16 Armement de la tourelle réduit
à deux mitrailleuses : 6 exemplaires.
B-20 Nouvelle tourelle General Electric munie
de quatre mitrailleuses : 84 exemplaires.
B-25 Tourelle pointée et
déclenchée automatiquement par un radar de
conduite de tir APG-1 : 6 exemplaires.
5. Les P-61 C
Moteurs turbocompressés R-2800-73 produisant 2
800 ch. (2 090 kW), vitesse maximale portée à
374 nuds (692 km/h, 430 mph) à 30 000 pieds (9
145 m). Néanmoins, lappareil souffrait
dinstabilité longitudinale pour une masse
supérieure à 15 875 kg (35 000 livres) et de
distance de décollage trop élevée ;
jusquà 5 556 m (3 milles) pour une masse au
décollage de 18 143 kg (40 000 livres). 41
exemplaires construits, la commande pour 476 exemplaires
supplémentaires fut annulée après la
fin de la guerre.
6. Les variantes
TP-61C P-61C converti en avion
dentraînement à double commande.
XP-61D Un P-61A-5 (numéro de
série 42-5559) et un P-61A-10 (numéro de
série 42-5587) équipé de moteurs
turbocompressés R-2800-14, programme annulé
quand le P-61C entra en production.
XP-61E Deux P-61B-10 (serial 42-49549 et
42-39557) convertis comme escorteurs de jour à long
rayon daction. Léquipage était
disposé en tandem sous une verrière monobloc
posée à la place de la tourelle, un
réservoir additionnel était installé
à la place de lopérateur radar à
larrière du fuselage et quatre mitrailleuses de
12,7 mm (0.50) prenaient la place du radar dans le nez de
lavion et les quatre canons de 20 mm disposés
sous le fuselage étaient conservés. Premier
vol le 20 novembre 1944, programme annulé
après la fin de la guerre. Le premier prototype fut
converti en XF-51, le second perdu lors dun accident
en 1945.
XP-61F Conversion analogue à celle du
XP-61E mais à partir dun unique P-61C (serial
43-8338).
P-61G 16 P-61b furent convertis à la
recherche météorologique.
F-15A Reporter Variante de reconnaissance
photographique avec un nouveau fuselage central abritant le
pilote et lopérateur caméra
disposés en tandem sous une simple verrière
bulle et six caméras à la place du radar dans
le nez. Propulsé par deux moteurs
turbocompressés R-2800-73 comme le P-61C. Le premier
prototype XP-15 fut obtenu par la conversion du premier
prototype XP-61E et le second XF-15A fut issu de la
conversion dun P-61c (numéro de série
43-8335). Lappareil présentait une masse au
décollage de 14 580 kg (32.145 livres) et une vitesse
maximale de 382 nuds (708 km/h, 440 mph). Seulement 36
des 175 commandés furent construits avant la fin de
la guerre. Après la création de lUS Air
Force en 1947, les F-15A furent renommés en RF-61C,
Les F-15A furent à lorigine de la plupart des
cartes de la Corée du Nord au début de la
guerre de Corée.
F2T-1 Deux P-61A testés par lUS
Navy.
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