Dossier constitué par Jean Paul Favrais le 8
septembre 1999, archives départementales d'Ille &
Vilaine. Procès verbaux de la gendarmerie nationale
le 16 septembre 1943.
Gendarmerie Nationale de Bain de Bretagne. Rapport du
commissaire des renseignements généraux.
Secteur sud de Rennes vers 15h30 plusieurs vagues de
bombardiers américains environ 200 ont
survolés la région de Rennes à une
altitude d'environ 6000 mètres. Elles étaient
accompagnées de chasseurs, et volaient dans une
direction nord-est vers le sud-ouest. La D.C.A de la
région de Rennes est entrée en action.
3 appareils touchés sont tombés.
2 à Messac et un à Bain de Bretagne.
Plusieurs aviateurs ont sautés en parachute,
l'un d'entre eux grièvement blessé est
tombé à Corps-Nuds, un médecin civil a
voulu le soigner mais les militaires allemands ont
refusés.
Le blessé a été placé sur
un side-car, pour être transporté à
Rennes. (Il s'agit du mitrailleur latéral le
S/Sgt. Howard E. Moody, MACR
n° 1346).
Me trouvant à proximité de la commune
d'Ercé en Lamée, je me suis rendu au village
du "Haut-Hermine", le bombardier américain avant de
tomber au sol a fait explosion, les débris de l'avion
ont été projetés sur 600
mètres.
Les occupants de l'avion avaient sautés, sauf
le pilote qui fut tué dans la chute de son
appareil.
Aidés des maires de Bain de Bretagne, et
d'Ercé en Lamée, ainsi que des gendarmes de
Bain de Bretagne, nous avons mis à l'abri le cadavre
du pilote, et pris les mesures dues au respect des
morts.
La plaque d'identité de la victime portait
l'inscription suivante :
FLOYD H. JAMERSON 0-734095 T. 43.
DOROTHY JAMERSON 1921 FELDWISCH
AVE ALTON ILL. P.
Cette plaque a été retirée par le
chef de la brigade de la gendarmerie pour être remise
aux autorités allemandes.
Procès verbal de la
gendarmerie nationale de Bain de Bretagne, n° de la
brigade 421, le 16 septembre 1943
Le village de "La Nouette" en Ercé en
Lamée est situé à la limite de la dite
commune coté ouest, et est limitrophe avec les
villages des "Rue de Haut" et "La Dane", une partie du
village des "Rue de Haut" se trouve en Bain, et l'autre
partie en Ercé en Lamée.
Le village "Du Dane" se trouve en Bain. Ces trois
villages se tiennent ensemble, et en somme n'en font qu'un.
Le point de chute est situé à égale
distance entre la ville de Bain, et le bourg d'Ercé
en Lamée, et à trois cents mètres du
chemin départemental n° 53, (coté sud)
reliant Bain à Laleu. Un chemin de six mètres
de largeur dessert ces trois villages.
A notre arrivée nous constatons qu'une grande
excavation est faite au centre des trois villages, sur le
milieu du chemin les desservant, et en limite des communes
de Bain, et d'Ercé en Lamée. Cette excavation,
en forme d'entonnoir, mesure, cinq mètres environ de
profondeur, et dix mètres environ de
diamètre.
Dans un rayon de 100 mètres environ de
l'excavation, les arbres, haies, charrettes, faucheuses,
voitures à cheval, etc..., sont brûlés.
Toutes les toitures des maisons environnantes, les
charpentes et des pans de mur sont effondrés. Les
fenêtres sont arrachées, et les meubles
brisés.
Les restes du bombardier jonchent le sol sur un rayon
de plusieurs centaines de mètres, l'un des quatre
moteurs, se trouve dans un champ de l'autre coté de
la route reliant Bain à Laleu, et à une
distance de 500 mètres environ.
Le corps d'un des membres de l'équipage a
été découvert déchiqueté
à 150 mètres environ à l'ouest du point
de chute de l'appareil, le tronc, les jambes, et les bras,
se trouvaient épars d'un coté et de l'autre,
la tête n'a pu être retrouvée. Les restes
ont été déposés sur un matelas
qui a été placé dans une maison du
village des "Rue de Haut".
Après nous être assurés qu'il n'y
avait aucune autre victime dans les villages
sinistrés, nous avons avec l'aide des pompiers de
Bain, organisé la lutte contre les incendies survenus
en trois points différents.
L'incendie le plus violent, est celui qui a
dévasté l'étable de M. Rouleau Marcel,
où six bêtes à cornes ont péri
dans les flammes, malgré les plus grands efforts
faits pour les sauver.
Deux paillers étaient également en
flammes, ils ont été entièrement
brûlés. Ces incendies, situés à
150 mètres environ les uns des autres, semblent avoir
été produits par l'éclatement des
réservoirs d'essence du bombardier, ou par
l'éclatement des bombes dont il était
chargé, et qui ont éclaté, au moment de
la chute.
Le tronc de l'aviateur découvert par les
gendarmes de la brigade, à leur arrivée sur
les lieux, a été enlevé par les
autorités allemandes, également
présentes lesquelles ont déclaré, le
transporter à Rennes aux fins d'inhumation, dans le
cimetière de la ville.
A Bain de Bretagne, le 29 janvier 1948, le Chef de
brigade J.
Photo
site internet
Rapport d'interrogatoire
annexé au dossier IDPF du
2Lt.
Floyd H. Jamerson mort
dans le crash de son bombardier. Interrogation par M. Michel
Beretti. Préfecture de la Seine, le 10 mars
1945.
Le bombardier après avoir survolé le
village de Pancé, l'avion s'est crashé
à 1/2 miles à l'est du village de
Pancé. Cinq aviateurs ont été faits
immédiatement prisonniers, un a été
aidé par des villageois pour son évasion. Sept
parachutistes furent mitraillés par des avions
ennemis durant leur descente. Un fut grièvement
blessé et un docteur fut dépêché
sur les lieux de sa chute.
Courrier du docteur Henri Géhan, le Sel de
Bretagne, le 29 février 1948.
Je soussigné docteur en médecine
déclare répondre ce jour à des
questions posées par l'autorité
américaine concernant un combat d'avions ayant eu
lieu au dessus de la commune de Sel de Bretagne, vers 15 h
de l'après midi. Un avion américain ayant
été atteint, l'équipage a sauté
en parachute. ces hommes on été
mitraillés par un chasseur allemand pendant leur
descente. J'ai été appelé à
donner mes soins à deux de ces soldats dont un
était tombé au village de "La Noë",
commune de Pancé, ferme de Mme Morel, c'était
un homme de taille de 1,70 environ, qui était atteint
d'une fracture ouverte du fémur gauche, la cuisse
gauche était perforée par deux balles, d'un
diamètre assez important dont j'ai pu en extraire une
qui m'a été aussitôt
réclamée par les gendarmes allemands. Ce
soldat était de plus atteint à l'abdomen par
d'autres balles, il est mort des suites d'hémorragie.
J'ai voulu prendre ses papiers qu'il avait sur lui, les
allemands s'y sont opposés. Le corps de ce soldat a
été enlevé par l'autorité
allemande le lendemain matin vers une destination
inconnue.
L'aviateur mitraillé et
décédé de ses blessures était le
mitrailleur latéral droite, le T/Sgt. John F.
Paznar.
Témoignage de Mme Morel,
ferme de la "La
Noë", le corps de
l'aviateur ayant été transporté dans
une grange où il passa la nuit.
Le lendemain matin les Allemands
sont venus chercher ce corps au moment où les
Allemands ouvrirent l'ambulance, nous avons vu qu'il y avait
un autre cercueil dans la voiture, nous supposons que ce
cercueil contenait le corps d'un autre aviateur.
Dossier MACR n° 1346.
Casualty questionnaire.
Rapport du 1Lt. John N.
Beilstein. Le navigateur le 1Lt. Joseph F. Burkowski fut le
premier à être fait prisonnier lors de son
atterrissage au sol. Le 2Lt. Floyd H. Jamerson fut
tué au commande de son avion. Le copilote le 2Lt.
Earl H. Guyette a sauté ainsi que le
mécanicien, mais je ne peux pas me rappeler de son
nom.
Rapport du S/Sgt. Alvin M.
Rabun. J'ai sauté, excepté le pilote et je ne
sais pas pour le radio/mitrailleur.
Rapport du S/Sgt. Charles. Gray.
Tout l'équipage a sauté sauf le pilote, mort
dans le cockpit.
Rapport
d'interrogatoire du T/Sgt. John. Semach après son
évasion. Dossier escape evasion : E
422
J'ai entendu le pilote dire:
"HOYT", va être sur le feu ". Nous étions
encore sur le chemin de la cible, avec notre escorte, qui
était en plein dog fight la plupart du temps, j'ai
juste eu le temps de tourner le dos. Sept avions allemands
sont venus du bas à six heures, et ont
commencé à tirer des rockets sur nous. Nos
avons quitté notre place hors de la formation et
avons commencé à grimper, en rentrant presque
en collision dans les deux plans de la formation qui
était au-dessus de nous. Quand nous avons
commencé à tourner, je pensais que nous
étions partis rejoindre la formation. Nous avons
cerclé cinq fois, cependant, quand j'ai appelé
sur l'inter-com pour écouter le pilote dire quel
autre wing, que nous pouvions rejoindre. Il n'y avait pas de
réponse.
J'ai entendu appeler à
l'aide par l'inter-com, c'était le mitrailleur
gauche, parce qu'il avait été touché.
J'ai commencé à me déplacer vers la
queue de l'avion, et quand j'avais atteint la porte, nous
sommes allés dans un piqué. J'ai tiré
la trappe de la queue et regarda dehors. L'avion s'est
stabilisé, et je n'ai pas osé continuer dans
le fond du bombardier de peur d'être pris au
piège par le système hydraulique des roues, si
nous avions à plonger à nouveau. Je suis
retourné à la queue et leur a dit cela. Je
venais de réaliser que quelque chose n'allait pas,
quand j'ai entendu le bombardier sur l'inter-com. Il a
donné l'ordre de sauter.
Plus tard, j'ai appris que lors
de l'attaque à la roquette le pilote avait
été tué et que le co-pilote
était inconscient. Le bombardier avait tenté
de prendre le relais, mais le pilote était
coincé dans son siège. Comme le Lt Beilstein
avait de l'oxygène, et que nous étions
à pieds 21000 fet (6400 mts environ), il ne pouvait
pas tirer sur le pilote assez rapidement pour atteindre les
instruments tandis que l'avion pourrait encore être
maintenu sous contrôle.
Je portais mon parachute, et
sortit de la trappe déjà ouverte. J'ai
tiré la poignée d'ouverture et
immédiatement il s'est ouvert, mais j'ai vu qu'il y
avait un gros trou dedans, mais je ne sais pas comment il
avait été fait, mais cela n'a pas
affecté mon saut. Les avions ennemis continuaient
l'attaque contre nos avions. Il y avait une chute en dessous
de moi et quatre ci-dessus. Sur la descente, j'ai fait
quatre plans différents sur l'endroit où je
devais atterrir, mais à chaque fois le flux d'air
n'arrêtait pas de me pousser au-delà du point
d'atterrissage sur laquelle j'avais
calculé.
J'ai fait un dur atterrissage
sur le terrain et meurtri mon visage. Quand j'ai
enlevé mon parachute, je l'ai vite roulé et
caché sous un arbre, car je pouvais entendre un avion
volant à basse altitude, je devais le cacher
immédiatement dans une touffe de buissons proches.
Les gens ont commencé à arriver sur les lieux.
Ils étaient tous là en criant: "camarade" et
pointant les mains vers le nord. J'ai essayé de faire
passer l'idée à ceux qui voulait brûler
ou enterrer mon parachute, je n'ai que très peu
parler à la foule qui semblait savoir exactement de
quoi il s'agissait. Beaucoup portaient des pièces de
vêtements supplémentaires, je fus bientôt
correctement déguisé en civil.
Un homme m'a amené
à un demi-mile au nord vers un autre membre de
l'équipage. Voici une seconde foule de gens lui
passant des vêtements de la même manière
que j'avais reçu les miens. J'ai demandé s'il
y avait des Allemands ici. La foule a mal compris et ils ont
pensés que je me déclarais être un
Allemand. Je me suis vite empressé de montrer mon
uniforme que j'avais gardé sous mon
déguisement, et tout allait bien à nouveau.
Dès que mon membre d'équipage avait
changé ses vêtements, nous avons
été amenés loin de la foule à un
champ de distance. Nous avons été nourris, et
des dispositions ont été prises pour nous de
passer la nuit dans une ferme voisine.
Lorsque nous avons
commencé à marcher, il a été
vite constaté que mon camarade ne pouvait plus
suivre. Son harnais avait été très
vaguement attaché sur lui, et il avait
été sèchement blessé à
l'aine. Nous l'avons porté vers notre autre cache, et
nous restions là jusqu'à 4 heures le 17
septembre.
Il a plu toute la journée
suivante. Nous étions cachés dans les bosquets
et ont se sentait tout à fait misérable. On
nous avait donné une miche de pain et du beurre et
une bouteille de vin, donc nous n'avions pas faim. Au
crépuscule, nous avons été
cachés dans une cave. Il nous fait rencontré
deux personnes, qui nous ont dit que notre voyage a
été organisé et qui nous l'exposerait
le lendemain. Après le dîner, nous
étions cachés dans une botte de foin pour la
nuit.
À 4 heures, le 18
septembre, nous sommes retournés dans les bois. Nous
étions cachés ici depuis dix heures avant que
nos guides sont apparus. Une heure plus tard, après
une bonne promenade au cours de laquelle mon compagnon a
dû être pris en charge, nous étions
cachés sous un siège wagon. Notre voyage de
retour avait commencé.
Le B-17F-75-BO - "El
diablo" - #42-29893 a été
revendiqué par le Feldwebel Josef Lorey, JG 2
à 15 km au sud de Rennes à 15h55 à une
altitude de 7.200 m.
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