LA LIBÉRATION DE SAINT GRÉGOIRE

A Ker-Maria est cantonné, un groupe de soldats de l'armée allemande. Parmi ceux-ci des polonais, autrichiens et autres. Leur travail est de remettre en état, des camions faisant la navette avec le front de Normandie. Notre entreprise est réquisitionnée pour prêter les machines et la cour pour les grosses réparations. Depuis quelques temps, nous constatons que les camions sont démolis de la même manière ; cabine enfoncée, traverses de châssis cassées, du coté apposé au chauffeur, ce qui nécessitait une immobilisation longue du longue, que les réparateurs manquaient d'ardeur au travail qui mon père, un jour, fatigué de voir si longtemps un camion dans sa cour, proposa de lui montrer comment redresser la cabine rapidement à l'aide d'un cric de voiture, notre polonais refusa la méthode trop rapide à son goût. On comprit vite que ses collègues chauffeurs n'étaient pas pressés à reprendre la route de la Normandie.

Une petite anecdote ; quelques jours avant la libération, le coiffeur de la famille, réfugié à Montgermont, vint couper les cheveux à domicile ; il faisait très beau, le coiffeur s'installa dans la cour, le polonais voyant cela, insista pour se faire lui aussi couper les cheveux, pour accueillir les Américains.

Courant de l'âpres midi du lundi 31 juillet, notre voisin, nous fait savoir qu'une rumeur circule, les américains avancent très vite, ils seraient entre Avranches et Pontorson.

Mardi 1er août, début après midi nous entendons le bruit des armes, branle-bas chez les allemands au bourg. Avec mon père, nous montons dans le grenier. Par la gerbière, nous avons la vue sur Maison-Blanche, et distinguons très bien les éclatements des projectiles.

Mercredi 2 août ; les locataires de chez Texier nos voisins décident de partir se réfugier en pleine campagne. Heureusement pour eux. Mme Piel une des voisines, croyant sans doute revenir très vite, partit en laissant le pot au feu sur le fourneau.

Fin de matinée ; M. Désévédavy, notre locataire, s'en est allé voir les américains au lieu dit, les quatre chemins route de Saint-Germain, il en revient, tout heureux avec des cigarettes. Début après-midi ; la bataille reprend, on aperçoit des fumées, ceci décide mon Père à remonter au grenier, il me refusa de l'accompagner. Je me contente donc de grimper, sur un petit bâtiment, dans le jardin, servant à abriter le puits et son installation de pompage.

Tout a coup, j'entends un grand sifflement, un bruit d'avion très proche, je saute de non perchoir, et me jette à plat ventre, un grand souffle, puis je vois la charpente et la toiture de la maison attenant à la notre se soulever, les murs s'écarter, et l'ensemble s'écrouler comme un château de cartes ; quelques secondes, et je me retrouve dans un nuage de poussière suffocante.

 

En 1, ce qui reste de l'appartement de Mme Simon et de la famille Ruaudel

En 2, atelier de Pierre Ruaudel

Atelier Testard, coté rue

 

Quelques minutes plus-tard, je vois, avec soulagement apparaître mon père couvert de poussière et d'égratignures. II avait réussi à s'abriter dans la cage d'escalier ; ardoises, voliges, et autres débris lui étaient passé par dessus la tête.

A quelques mètres de lui, derrière la cloison ; M. Désévédavy qui s'était approché de la fenêtre, lui aussi pourvoir, était criblé d'éclats de verre ; iI est resté aveugle pendant trois semaines.

Mme Pierre Ruaudel, est venue nous appeler par son jardin, son mari, était sous les décombres de son atelier. Pendant que mon père allait le secourir, je suis allé chercher le docteur Vallon installé dans les classes de l'école publique, (salle du club des retraités maintenant), puis je suis allé prévenir le père Fontaine prêtre de la paroisse et Benoît Lefedvre instituteur libre.

Au retour cela canardait au dessus de ma tête, inutile de dire que je n'ai pas traîné sur la route, je n'y ait d'ailleurs pas rencontrer âme qui vive. Je me suis arrêté au café Ruaudel (poissonnerie actuellement) où j'ai retrouvé mon père. Pierre Ruaudel était allongé sur un matelas, par terre. II avait des cotes fracturées et quelques égratignures, il l'avait échappé belle, une échelle l'avait protégée d'un écrasement par son moteur d'atelier.

A mon arrivée à l'abri, ma mère fut soulagée, d'autant plus, qu'un voisin soi-disant membre de la défense passive venait de la blâmer, pour m'avoir laissé partir sur la route ; mais ce brave était resté bien tranquille à l'abri avec son casque blanc sur la tête.

Nous avions, un bon abri, communicant avec celui de la famille Catheline ; une partie de cet abri se trouvait à plus de trois mètres sous-terre, avec une sortie dans un sous-sol côté Catheline. Au dessus, de notre côté, étaient entassées, des billes de bois, ce qui devait augmenter la protection. Mon père, pendant la guerre de 14 avait travaillé, avec un ingénieur des mines, à l'élaboration d'abris. Il en avait retenu de bonnes leçons.

Pendant la durée de la bataille, pour nous distraire, il y avait un petit avion biplan des Alliés au dessus de nos têtes pour observer la bataille ; souvenir des avions observateurs de l'autre guerre, mon père l'avait surnommée la "Chouquette", cet avion n'arrêtait pas de faire des acrobaties pour pour éviter les obus allemands.

Fin d'après-midi du mercredi le pot-au-feu de Mme Piel resté sur le feu depuis le matin, fut cause d'un début d'incendie, on réussit à l'éteindre à ses début, heureusement, avec la sécheresse, les gravats, le bourg aurait sans doute subit beaucoup plus de dégâts et cette fois par le feu.

Une petite anecdote.

Lorsque les premiers véhicules, américains sont passés devant chez nous ; Mme Simon, une voisine âgée, revenu sur les lieux du sinistre, a pointé son doigt sur ce qui restait de sa maison, et l'autre main vers les américains ; elle leur a crié "voyez" que vous avez fait, il faut reconnaître, qu'elle avait des raisons d'en vouloir aux alliés. Les pilotes avaient complètement loupé leur objectif. La ou les bombes (on pense qu'il y en eu deux, comme à "La lande" , comme aux "hautes ruelles" ; elles étaient des bombes soufflantes, on a retrouvé quelques éclats.

 

 

Morceau conservé pensant être un morceau de la bombe, mais il s'agit en réalité d'une partie de la pompe à eau
 

Dans le jardin, j'ai aussi retrouvé des douilles de mitrailleuses d'avion, sans doute tombées pendant la courte bataille aérienne.

Dans la cour jonchées de pierres et de gravats, il y avait aussi beaucoup de poires, tombées des arbres abattus ; ceci attira des meutes de guêpes qui nous compliquèrent le travail de déblaiement.

Ci-joint quelques rares photos des maisons sinistrées. Pendant ces jours là, il n'y avait plus de presse ni de photographe. Ces photos ont été prises avec un petit appareil qui m'avait été offert à ma communion.

 

Souvenirs de M. Testard de Saint Grégoire - ABSA 39-45 - Octobre 2017

 

GO

MISSIONS DU 2 AOÛT EN BRETAGNE PAR LE 365TH FIGHTER GROUP

Le 365th Fighter Group, "Hell Hawks" était basé sur le terrain A-7 à Azeville du 27 juin 1944 au 15 août 1944. Ce 2 août le 365th FG a mené 9 missions.

Mission (1) - Décollage à 11h43. 7 P-47 du 386th FS, commandés par le Maj. Cornell, William H. 4 avions emportent des bombes de 500 Ib General Purpose à amorçage instantané ; 3 avions en couverture aérienne. Au-dessus de la zone de l’objectif de 12h06 à 13h25. Eggcup incapable de fournir un objectif en limite nord du secteur, nord-est et nord-ouest de Rennes et avons patrouillé sans objectifs adéquats à s’offrir. Des tanks américains observés, mais pas d’allemands. Toutes les bombes ont été larguées dans la Manche. Le leader est incapable de contacter soit Liver ou Grandchap Baker sur le canal C. Il s'agit des stations radios au sol , attachées a des unités terrestres , ce sont elles qui les dirigeaient vers les objectifs tactiques en fonction des demandes tactiques. Météo – Plafond et visibilité illimités. Atterrissage à 13h48.

 

Mission (2) - Décollage à 13h03. 8 P-47 du 387th FS, commandés par le Captain Arlo C. Henry, Jr. 4 avions emportent des bombes de 500 Ib General Purpose à amorçage instantané ; 4 avions en couverture aérienne. Sur la zone de l'objectif de 13h30 à 14h50. Une bombe larguée sur une route et une intersection ferroviaire à Piré, avec des résultats non observés. Un grand fourgon portant un camouflage bleu-vert mitraillé et détruit à Y-3137. Soit en coordonnées "Britannique Modifié" : sur la commune de Domalain. 10 à 15 véhicules porteurs de croix rouges aperçus à Moulins à 14h20 se dirigeant au nord-ouest en direction de Rennes. A 14h30, 11 Me-109 portant un camouflage gris, ont été aperçus volant en ligne de front à 3 500 pieds et se dirigeant vers l'ouest. Quand nos avions ont engagé la formation les avions ennemis ont plongé vers le sol et se sont éloignés vers le Sud. Un Me-109 a été aperçu perdre son ensemble de queue et est pour la dernière fois observé à 1 000 pieds dans un piqué à 80 degrés. 3 bombes ont été larguées pour engager les avions ennemis. Atterrissage à 15h11.

Il s'agit du Bf-109 G-8, Wnr. 200040, de l'Ofw. Landsmann, Alois, tombé à Combourg, au lieu dit "La Chasse". Grièvement blessé, Landsmann, Alois décédera de ses blessures à l'hospital du Grand Séminaire à Rennes, le 25 novembre en présence de sa femme. La revendication est attribuée au Lt. Saferite Robert L., du 387th Squadron.

 

Microfilm B0328 - 365th Fighter Group, pages, 1728, 29, 30. Kent Miller

ABSA 39-45 - 18 avril 2019 - Dahiot Daniel - Fred Hénoff - Philipe Dufrasne