La presse rend hommage à l'aviateur retrouvé, Harti Schmiedel, ainsi qu'au travail des associations l'ABSA 39-45 & l'ANSA 39-45 Orne/Maine |
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Merci à Theo Nau pour son article |
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Porté disparu 12 juin 1944 Quelle terrible mission pour un commandant d'escadrille, au retour d'une mission hors du pays natal, de devoir annoncer aux proches : disparu dans le secteur de ... Une pénible attente commence. On attendit longtemps, en vain souvent. Bien des épouses et bien des parents ont attendu ainsi en vain, jusqu'à ce jour, de savoir où est resté le disparu, où il pourrait peut-être avoir trouvé son lieu de dernier repos. Dans toutes les régions où la guerre mondiale a fait ses victimes se sont formées de façon tout à fait louangeable des initiatives privées qui ont pour but d'élucider des destinées humaines, sans tenir compte de 1a nationalité des intéressés. C'est ainsi que dans le Nord de la France, théâtre du débarquement du 6 juin 1944, deux organisations ont travaillé avec beaucoup de succès au cours des dernières années. Il s'agit de l'Association Normande du Souvenir Aérien (A.N.S.A.) qui a pour président M. Jacques Paris, et de l'Association Bretonne du Souvenir Aérien (A.B.S.A.) dont le président est M. Daniel Dahiot. Le compte-rendu qui suit s'appuie pour l'essentiel sur les dossiers que l'A.B.S.A. a mis amicalement à notre disposition. Le sous-lieutenant Harti Schmiedel, de la 4/J.G.53, était porté disparu le 12 juin 1944 dans 1a région de Rennes. Soixante et une années se sont écoulées jusqu'à ce que son destin soit établi, soixante ans d'incertitude, de pénible attente. Le 16 août 1994 paraissait dans le journal "Ouest-France" un article faisant état de la chute mystérieuse d'un avion en 1944. On chercha des témoins de l'évènement. Parmi ceux-ci, un agriculteur, Henri Gruel, se fit connaître, qui déclara : "J'ai observé qu'à l'époque un avion s'est écrasé dans le terrain marécageux du Bas Mée. Je me trouvais non loin de là." Il trouva plus tard la roulette de queue sectionnée, à la surface du sol. (Le témoin a cru à l'époque retrouver la roulette de queue, l'explication se trouve dans livre. Mais l'erreur est très pardonable, notre ami Theo Nau a traduit le texte en allemand à partir du livre porté disparu). "Je m'en servis pour ma brouette", ajouta M. Gruel. (Petite erreur : non la propriétaire du terrain). Entre temps une mare s'était formée à cet endroit. On sonda en vain ; aucun oscillation ne révélant 1a présence de pièces métalliques. Un ancien pilote de chasse français, M. Duval, avec son ami le professeur Gilbert, se donna tout le mal possible pour éclaircir le mystère. Rien, absolument rien ne fut découvert. Bien des années plus tard. Entre-temps bien des personnes s'étaient saisies du problème sous la houlette de l'A.B.S.A. Le 14 octobre 2003, une nouvelle prospection fut menée avec un appareil très moderne. On était confiant, d'autant que peu de temps auparavant le pilote de chasse Hans Lohkamp avait été retrouvé. (Voir "Das Flieger Blatt" en 6/05). Soudain on perçut de fortes oscillations magnétiques sur le lieu du crash supposé et déterminé entre-temps avec une assez bonne précision. Il fallut attendre jusqu'au 28 septembre 2004 pour qu'on puisse commencer les fouilles (voir les quatre photos à la page suivante). Le conducteur de l'excavateur commença son travail. Quand la couche supérieure du sol eut été enlevée, toutes les personnes présentes notèrent une forte odeur d'essence. On continua de creuser, avec prudence. On trouva ensuite les premiers morceaux de l'avion. Des pièces en aluminium et des bouteilles d'oxygène apparurent au jour. Le succès était là. Il ne faisait aucun doute que l'on était en présence d'un Me 109 identique à celui que pilotait Harti Schmiedel. La première pale d'hélice est découverte, la deuxième, la troisième. Le capot et ses deux mitrailleuses lourdes est découvert. La voilure apparaît, le fuselage, la dérive. Beaucoup de ferraille est sortie du sol avant que le tableau de bord apparaisse. On découvre le parachute. C'est avec beaucoup de soin que 1e conducteur de l'engin continue son travail. Une forte odeur se remarque. La mort est là. Au milieu des débris, des ossements humains. Ce sont les restes du sous-lieutenant Harti Schmiedel. Personne d'autre n'a été porté disparu dans ce secteur. A l'instigation de M. Paris, président de l'A.N.S.A. on fait silence, on se recueille religieusement. La dépouille du pilote sera acheminée sur le cimetière allemand de La Cambe, cimetière militaire. Des parties d'uniforme bien conservées sont découvertes. Par exemple la casquette avec sa cocarde, le foulard d'aviateur, un mouchoir avec des initiales, un carnet, sou carnet d'affectation comme pilote sur le front et une autorisation signée du commandant de groupe Julïus Meimberg permettant au pilote de téléphoner en Allemagne tout en respectant le secret militaire. La plaque d'identité est découverte de même que la montre dont les aiguilles sont arrêtées à 10 heures 20. Quand tout a été sec et nettoyé, le carnet d'affectation du pilote lève définitivement toute incertitude : le nom du pilote est Harti Schmiedel, de la 4./JG 53. Dans le carnet du mort on trouve des tickets de pain, des billets d'une valeur de 2.170 francs français et la photo d'une jeune fille dont les traits ont pâli au contact de l'air. L'énigme du crash du 12 juin 1944 est résolue. L'A.B.S.A prend contact avec la mairie de la commune natale de Harti Schmiedel, Neudorf, prés de la frontière tchèque. On a de la chance et on reçoit une aide précieuse du professeur de français habitant cette commune ; il s'agit de M. Bernd Petters. A Neudorf vit une certaine Margot Schmiedel, l'ancienne fiancée de Harti Schmiedel. Des photos d'elle et du sous-lieutenant Harti Schmiedel prennent le chemin de la France, La presse ici, a entre-temps parlé en détail des fouilles couronnées de succès. Un ressortissant allemand vivant à Saint-Malo, Dieter Frieling, se propose comme interprète. Après quelques hésitations et aussi de nombreux coups de téléphone, Margot Schmiedel décide de se rendre en France. Elle voudrait voir tout ce qui concerne Harti. Le lieu où, au terme d'un combat aérien, 1e 12 juin 1944, jour du premier anniversaire de leurs fiançailles, il fut abattu par le lieutenant Glennon Moran aux commandes de son P 51 Mustang, le Me 109 s'écrasant au lieu-dit "Bas Mée". Elle prend dans ses mains tous les restes de l'uniforme. Profondément émue, elle va un peu à l'écart, seule, dans le jardin, afin de reprendre ses esprits. Les voilà réunis au terme de soixante et une années. Beaucoup de personnes disent au revoir au sous-lieutenant Harti Schmiedel au cimetière militaire de Mont d'Huisnes (11.000 soldats allemands y reposent), face au Mont St Michel. Beaucoup de personnalités de la vie publique ainsi que des collaborateurs de l'ambassade d'Allemagne sont là à côté des membres de l'A.B.S.A. et de l'A.N.S.A. et des présidents de ces associations, Daniel Dahiot et Jacques Paris. Le drapeau allemand est déployé. La photo de Harti Schmiedel est entourée de guirlandes de fleurs. Deux avions de l'armée de l'air française survolent à vitesse réduite ce lieu d'éternité, rendant au sous-lieutenant Harti Schmiedel les derniers honneurs. Au travers de l'activité généreuse de ces deux organisations qui se mettent au service de l'humanité sans tenir compte des nationalités, il est fait davantage pour l'entente entre les peuples que cela serait possible en empruntant d'autres voies. Nous avons envers elles un devoir de reconnaissance important. |