Témoignages sur la
chute du Mosquito II DZ712, au bois de la Haie en Tramain
dans la nuit du 17 au 18 mai 1943.
Témoignages
récoltés par M. David Ivins, fils en 1994.
M. Raymond P, le "Clos Baron" en
Tramain, alors âgé de 13-14 ans à
l'époque : Y venaient mitrailler toutes les nuits les
trains qui passaient.
Y faisaient du rase-mottes et
les Allemands sont venus s'installer avec des batteries. Le
soir qui sont venus, ils ont tiré dessus et puis y en
a un qui est tombé. L'avion a rasé la maison
de la ferme, il a arraché deux ou trois arbres, puis
il est tombé dans un champ de trèfle et puis
il a explosé, tout a grillé. Tout le
trèfle a grillé et puis eux étaient
calcinés. Le lendemain matin, je suis allé
voir. Et dans l'après-midi, ils sont venus les
emmener. Ils ont amené deux cercueils. Un cercueil
était porté par des Français et l'autre
par des Allemands et ils les ont emmenés sur la
côte.
(Dinard).
M. David Ivins : Il est mort
immédiatement ?
M. Raymond P : Oui, oui, oui,
ils étaient calcinés, ils étaient
brûlés. Ils n'ont pas eu le temps de souffrir.
Les Allemands ont même posé le cercueil parce
qu'il y avait un ruisseau, pour passer ils l'ont posé
dessus. Mais le Français qui était là
qui dirigeait ça leur a dit : "Vous allez le laver,
le nettoyer tout de suite, parce que moi je vais pas
l'emmener comme ça". Ils ont quand même rendu
les honneurs, les Allemands. Ils ont tiré en l'air
pour rendre les honneurs.
M. David Ivins : A quelle dans
la nuit ?
M. Raymond P : Peut être
11h, minuit. C'était dans ces heures là que le
train passait.
Il était
déjà enflammé quand il est passé
au dessus de cette maison, il perdait déjà de
l'altitude. Les Allemands étaient là, de
travers. Et le jour, pour ne pas se faire voir, ils allaient
derrière les arbres se cacher. Et là ils
avaient branché le téléphone pour
savoir si des avions étaient
annoncés.
Je crois qu'il y a eu des
Allemands de blessé, parce qu'il parait que les
ambulances sont arrivées et qu'il y en avait qui
hurlaient par là, des Allemands. Y a dû y en
avoir de blessé ou de tué.
(Rien dans les
registres du cimetière de Dinard ou de Huisnes sur
Mer pour des tués.)
Tout était
brûlé. Et eux, ils étaient cramés
aussi. Il ne restait presque plus de jambes. Quand ils l'ont
mis dans le cercueil, ils ont mis un produit dessus. Et puis
là, ils ont rendu les honneurs, ils ont tiré
en l'air. Ils étaient bien une vingtaine, 20 ou 25 ou
30. Ils avaient beaucoup de batteries d'installées.
Un coup c'était içi, un coup c'était
là, mais souvent c'était là. Les
Allemands leur avaient dit : "Ce soir, vous allez partir de
votre maison parce que ce soir il va se passer quelque
chose".
M. Jean B, témoin du
crash : Ça c'est passé vers 11h30. Il faisait
pas bon alentour parce que ça pétait. On avait
des Allemands partout dans les champs là. Le terrain
n'était pas comme il est au jour actuel. Ils avaient
fait de petites tranchées pour se camoufler.
Ça y allait. Les bêtes dans l'écurie
beuglaient. Ils tiraient sur l'avion. Il était venu
mitrailler le train. Ils venaient souvent mitrailler ici
parce que c'était dégagé, y avait pas
d'arbres. Heureusement, l'avion n'a pas attrapé le
bout de la maison. On aurait été tous morts
là-dedans. On n'osait pas sortir tellement que
l'avion, les obus, des cartouches, tout. Incroyable comment
ça pétait. On aurait dit que ça tirait
tout le temps.
M. Raymond P : Il y a dû
avoir des Allemands de blessé aussi.
M. Jean B : Oui , oui, oui, ils
se sont fait secouer. Sûrement qu'ils avaient
attrapé. C'était pas marrant. Quand on a
été voir l'avion où c'est qu'il avait
attrapé tous les arbres. Il avait attrapé cinq
chênes, mais en haut. Il avait abattu cinq ou six
pommiers, déracinés. Tout était
grillé tout autour. Ils sont restés une
quinzaine de jours. Tant que l'avion n'aurait pas
été tout déblayé. On ne trouve
plus rien maintenant. Au début qu'on labourait, on
trouvait toujours quelque chose. C'était enfoui dans
la terre, des cartouches ou des débris de l'avion.
L'avion était totalement déchiqueté.
Ils n'ont pas souffert. Ceux qui étaient là
à garder l'avion c'étaient des anciens. Y
avait trois gars à garder, c'étaient des
vieux. Ils venaient chez nous faire un tour. Ils nous
faisaient comprendre : "On ne devrait plus être
là".
Merci à Jean Michel Martin pour la collecte des
témoignages et plan à
Tramain.
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