Pont Saint Martin "La Marronnière"
Voir le récit de la fouille du 18 janvier 2011 |
Traduction Annette Mahé ABSA 39-45
Mes parents sont arrivés à Pont St Martin en 1957 dans la ferme de la Moricière située à 2 km de l'aéroport de Nantes. Pendant ma jeunesse j'ai toujours connu dans un champs des petits morceaux d'avion que l'on trouvait lors des labours. Dans la mémoire locale on nous avait expliqués qu'il s'agissait d'un avion anglais. Les années ont passé il a fallu le décès de la grand-mère Pineau. Les enfants ont décidé de vendre la maison et de la vider. Lors de cette opération, il à été trouvé une petite boîte avec à l'intérieur une gourmette avec l'emblème de la Royal Air Force, une numéro d'immatriculation et à l'arrière de celle-ci une dédicace (For my wife Olive) , ainsi qu'une montre cassée.
Nous avons transmis en Angleterre le numéro de la gourmette et en réponse il s'agissait d'un aviateur canadien du nom de Hewood décédé dans la crash de son Wellington le 8 mai 1941 près de Nantes. J'en concluait donc qu'il s'agissait de l'avion dont on trouvait les morceaux dans la ferme. Le fils de madame Pineau confirma que la montre et la gourmette avaient été ramassés sur le terrain peu de temps après un crash d'avion. Dans l'association Histoire de ma commune, nous nous sommes penchés sur le problème en allant aux archives départementales pour avoir des éléments supplémentaires. Nous avons trouvé une correspondance d'une famille anglaise(Read) qui cherchait des témoignages au sujet du crash d'un Wellington le 8 mais 1941 près de Nantes. Un appel dans la presse a été lancé et la réponse est arrivée de la part de monsieur Poisson habitant le château de la Marionnière à Pont Saint Martin. J'en déduit qu'il ne s'agissait pas de l'avion qui était tombé dans la ferme. Je commençais à recueillir différents témoignages auprès des anciens de la commune. On m'expliqua qu'il y avait eu 4 avions tombés dans la commune. Nous avions élucidé un des crashs. Restait les trois autres. Mon voisin Gabriel Cormerais m'expliqua qu'il avait été réquisitionné pour le STO le 15 juin 1943 et qu'il s'était caché dans la ferme de la Marsoire, propriété de la Marionnière juste à coté de la Moricière. Pendant qu'il était caché, il a assisté au crash d'un avion allemand sans pouvoir me donner de date, les seules choses dont il se souvenait ; c'était un dimanche et un incendie dans un champs avait eu lieu à la ferme de la Moricière. Il me demanda de contacter Donatien Pavageau qui habitait la Moricière pendant la guerre. Celui-ci me confirma le crash et que l'avion était rentré en terre. Les allemands avaient enlevé la queue de l'avion et recouvert les restes. Dans les mêmes temps, Robert Rabreau me raconta que ce 4 juillet 1943, il avait vu un parachutiste allemand qui pleurait. Il a sans doute eu très peur. J'ai pris contact avec l'ABSA en racontant mon histoire. Daniel et ses copains sont venus le 9 juin 2009 avec leur détecteur de métaux et ont localisés rapidement des morceaux à fleur de terre. Évidemment la tentation à été très forte pour creuser et nous avons trouvé le moteur, la jambe d'atterrissage de l'aile gauche. Il s'agissait d'un Fock Wolf, abattu le 4 juillet 1943 vers midi sans doute par la Super Forteresse Américaine qui s'est écrasée à Saint Colomban le même jour. Voir liste des pertes en B-17 de ce jour. A la fin de cette journée, beaucoup d'émotions, de fierté pour cette découverte partagée avec la nouvelle association AREA. La décision de prévenir la préfecture de la découverte a été faite en août. Une date pour continuer est programmée le 29 septembre VOIR FOUILLES DU 29 SEPTEMBRE. A la suite de ces événements beaucoup de visites à la ferme ont été effectuées par des curieux mais aussi par des anciens. Au hasard de ces rencontres très intéressantes j'ai eu la chance de retrouver les cordonnées de ce monsieur Poisson que je croyais décédé. Il habite le sud ouest de la France. Bernard Poisson me confirma le crash du 8 mai 1941, mais aussi le second crash qui a eu lieu le 4 février 1941. Dans les 2 cas, c'est lui qui est allé sur les endroits pour récupérer les objets personnels des différents aviateurs qui ont été remis à l'ambassade anglaise après la guerre. Selon ses souvenirs le premier crash est un bombardier allemand qui est situé près de la ferme en novembre 1940. Le deuxième crash le 4 février 1941, il s'agit d'un Hampdem. Le troisième crash le 8 mai 1941. Le quatrième crash le 4 juillet 1943. Voir listes des pertes du JG 2. Dans les années 80, Bernard Poisson a été décoré par la RAF ainsi que de la couronne d'Angleterre pour sa bravoure. Il a reçu de nombreuses correspondances des familles anglaise d'aviateurs. La famille de Thomas Kalman est venu à la Marionniere en 1946 sur le lieu du crash survenu le 4 fevrier 1941.
Jérome Batard
Nuit du 4 au 5 février 1941, mission gardening. Beeches (Hêtres), zone de St Nazaire.
Voici le compte rendu du Wing Commander, Polglase Patrick Jullian(1), commandant pour la mission. Sgt. Wotherspoon, Sgt. Lapsley, Sgt. Bradley. Six Handley Page Hampden décollent du terrain de la RAF Finningley près de Doncaster, dans le South Yorkshire. De 17h25 à 17h55. Après avoir quitté les côtes anglaises à Lyme Regis, ils survolent les côtes françaises à 2500 feet (762 mts), croisent Étables et continuent vers Quiberon. De Quiberon ils descendent à une altitude de 250 feet (76 mts), puis direction le Croisic, continuent leur vol sur 1/2 mile le long des côtes et retournent sur le Croisic. Après avoir "ramassé la lumière du phare en pleine tête", (il est sans doute question du phare du Grand Charpentier, voir dans le rapport ci-dessous) ils reprennent de l'altitude à 800 feet (243...mt) direction Château Bougon, mais le temps était tellement nuageux à plus de 2000 pieds, (600...m) que nous avons passé beaucoup trop de temps à la recherche de l'aérodrome local, la mission a due être abandonnée. Après une course sans incident et un temps clair, on a mis le cap sur les îles de Noirmoutier, avec une diversion à St Nazaire (304...mts). Puis retour vers les côtes nord de la Bretagne, à une altitude de 1000 feet (304...) mt. Puis nous recevons le signal de diversion de St Eval. Retour à 00h20.
Second rapport de mission, celui de l'équipage du Sgt. Galloway, P/O. Olliver, Sgt. Sommers, Sgt. Stevens. Un voyage sans incident. Nous avons traversé l'ouest de la Manche en effectuant une ronde des côtes françaises jusqu'à Belle île. Puis nous avons mis le cap pour localiser le phare du Grand Charpentier et nous avons planté nos "légumes", (mines, bombes ?) sur place. On a piloté jusqu'au lac de Grand Lieu, on a effectué un piqué de 4000 pieds(1200...mt) et à 1000 pieds on larguait nos bombes en touchant une rangée de hangars situés à l'est de l'aérodrome. Le retour à la maison s'est passé sans incident. On a reçu le signal de diversion de St Nazaire. Cinq Hampden mèneront à bien leur mission, le sixième ne rentrera pas, l'Hampden I AD750 piloté par le Pilot Officer INNISS, GEORGE, touché par la flak va s'écraser à environ 2 km à l'est de l'aérodrome de Château Bougon. Un seul appareil semble avoir mené le bombardement du terrain. Dans les deux rapports, il n'est pas mentionné le crash de l'Hampden AD750, vraisemblablement que bombardier soit intervenu sur la cible en dernier.
Six avions ont été envoyés pour une opération de largage de mines sous-marines dans la zone "Beeches" (1). Quatre ont largué avec succès et deux d'entre eux ont plus tard attaqué l'aérodrome de Château-Bougon. Deux bombes de 250 lb (250 livres = 113 kg) ont été vues exploser une sur les hangars et l'autre sur une usine au Nord-Est de l'aérodrome. Un avion n'a pas réussi le largage de mines ni le bombardement et lautre nest pas revenu. (Hampden AD750, l'équipage : F / O Thomas, P / O Inniss, Sgt Franco, Sgt Colson). (1) Beeches : Hêtres. Correspond à la rade de Saint-Nazaire. Nota : Les opérations de largage de mines sous-marines portaient le nom de code "Gardening" (Jardinage). Les aviateurs dans leur jargon appelaient cette opération de minage "Planter des légumes". Lusine au Nord-Est doit être "La Société nationale des constructions aéronautiques de l'Ouest" (SNCAO) qui était une entreprise aéronautique française. |